André Victor ORSEL
(Oullins, Rhône 1795 – Paris 1850)
Étude de mains
Coupole de la Chapelle de la Vierge dans l’église Notre Dame de Lorette à Paris
Circa 1840
Mine de plomb
295 x 227 mm
Deux cachets de l’atelier de l’artiste à côté de chaque main
Orphelin baptisé après la Terreur, Victor Orsel fut élevé dans un milieu catholique cultivé et esthète contributif à l’éclosion de son talent artistique. En 1809, il intègre l’École des Beaux-Arts de Lyon dirigée par Pierre Révoil. En 1815, il se rend au Louvre et découvre avec émerveillement les délicates et ferventes palettes de Le Sueur, Poussin, Léonard et Raphaël. Sa vocation de peintre religieux est née. Après avoir suivi à Paris l’enseignement du peintre néoclassique Guérin, Orsel séjourne de 1822 à 1831 à Rome en compagnie d’Alphonse Périn. Il se lie également d’amitié avec le groupe des Nazaréens allemands et se rapproche en particulier d’Overbeck, avec lequel il partage une nouvelle vision de l’art chrétien. L’artiste fut impressionné par les Stanze de Raphaël, notamment par la fresque du Saint-Sacrement, celle-là même que ses contemporains romantiques considéraient comme trop gothique. Il visite également les basiliques chrétiennes antiques dont les mosaïques byzantines le fascinent. A Rome, Pise et Florence, il admire et étudie avec passion Fra Angelico, Giotto, Andrea Orcagna et Le Pérugin. En 1832, la Monarchie de Juillet fait appel aux plus brillants talents artistiques de son temps afin d’orner les murs de la nouvelle église Notre-Dame-de-Lorette, récemment édifiée entre 1824 et 1836, et dont le plan conçu par l’architecte Hippolyte Lebas, s’inspire de la basilique romane Sainte-Marie-Majeure. De retour dans la capitale française, Victor Orsel est chargé de la décoration de la chapelle des Litanies de la Vierge. De plan rectangulaire et couronnée d’une voûte en berceau, l’artiste suit un programme iconographique paléochrétien, où le degré d’élévation murale de chaque figure symbolise son élévation spirituelle.
© Salomé Fischer, Photographie in situ, Victor Orsel (1795-1850), Paris, Église Notre Dame de Lorette, Chapelle des Litanies de la Vierge, écoinsson gauche, Le Refuge des Pêcheurs, fresque à l’encaustique.
Le programme iconographique est particulièrement rare et raffiné. Il représente les litanies de la Vierge qui est une prière invoquant la Vierge et ses bienfaits en phrases très courtes. La Vierge est ainsi figurée par thème de miséricorde sur quatre écoinçons : « Auxilium Christianorum » (Le Secours des Chrétiens) « Refugium Pecatorum » (Le Refuge des Pêcheurs), « Salus Infirmorum » (La Santé des Malades) ou « Consolatrix Afflictorum » (La Consolatrice des Affligés). Contraint de patienter trois ans après conception de l’iconographie en raison de la présence de salpêtre sur les murs, l’artiste opte pour la technique mystique de l’encaustique «technique de l’art chrétien par excellence ». Notre dessin, préparatoire aux mains jointes d’un personnage en prière au genoux gauche de la Vierge (Ill.1) pour Notre-Dame de Lorette, constitue un témoignage graphique du cheminement complet de l’artiste : « De cette seule chapelle, Orsel s’est fait un nom qui ne périra pas. Il avait deux grands dons que le ciel réservait aux véritables peintres : le don de l’expression et de la ligne harmonieuse. Cette chapelle est aussi suave aux yeux que féconde en pensée ; c’est la tendresse onctueuse de l’école ombrienne unie à la justesse et à la mesure de l’esprit français. »
2 100 €
Bibliographie :
Foucart, B. (1987). Le Renouveau de la peinture religieuse en France (1800-1860), Arthena.
Vitet, L. (1853) La Revue des Deux Mondes
La Tribune de l’Art, Didier Rykner, article du lundi 12 octobre 2020, Restauration de la chapelle d’Orsel à Notre-Dame-de-Lorette.