
Élisabeth SONREL
(1874, Tours – 1953, Sceaux)
Le Sommeil de la Vierge
Aquarelle et rehauts d’or
33 x 45 cm
Signée et datée en bas à gauche
1894
Issue de la bourgeoisie provinciale, Elisabeth Sonrel se forme très tôt, à Tours, auprès de son père Nicolas-Stéphane (un médecin artiste à ses heures), puis à Paris à l’Académie Julian auprès de Jules Lefèbvre (1834-1912) qui l’influence dans son goût pour les portraits de femmes symbolistes. Admiratrice de la Renaissance et en particulier de Botticelli, elle expose dès 1893 au Salon, des œuvres assez fidèles à l’esprit du maître florentin, mélangeant des caractères symbolistes, mystiques, allégoriques, dans une palette aux tons doux et pâles, avec des vierges et des anges, traités dans un style assez étiré, évoluant dans des paysages arborés aux troncs très allongés et aux feuillages simplifiés. Mais elle n’appartient pas au mouvement symboliste proprement dit, et ne semble pas avoir de liens avec des artistes comme Alphonse Osbert ou Maurice Denis, dont certaines œuvres sont pourtant proches des siennes à cette époque. L’influence des préraphaélites anglais est également palpable. A la toute fin des années 1890, elle évolue vers l’Art Nouveau, avec des œuvres parfois proches de Mucha, aux coloris très contrastés. A partir du tout début du siècle, c’est la Bretagne qui constitue l’essentiel de ses sujets, qu’il s’agisse de portraits de bretonnes ou bien de paysages; elle voyage et séjourne surtout en Cornouailles et en pays Bigouden (Concarneau, Le Faouet, Pont-Labbé,…), faisant halte dans des hôtels en compagnie de son amie et élève peintre Jeanne Fourcade-Cancellé. Elle expose au Salon jusqu’en 1941. Elisabeth Sonrel expose deux aquarelles au Salon de 1895, qui ouvre ses portes le 1er mai : Jeunes filles chantant, sous le N° 2755, et Le sommeil de la Vierge. Elle est alors domiciliée en région parisienne, à Sceaux où elle vient d’emménager avec ses parents.


Notre aquarelle est l’œuvre qui fut exposée au Salon ; les critiques du Salon évoquent en effet à l’époque une grande aquarelle. Le sommeil de la Vierge fut récompensé par le Prix Henri Lehmann, un prix triennal, décerné par l’Académie des Beaux-Arts et d’une valeur de 3 000 Francs, destiné à l’encouragement de bonnes études classiques en faveur d’un peintre de moins de 25 ans. Le dessin fut acquis à titre personnel par le Président Félix Faure et, reflet de son succès, il donna lieu à de nombreuses reproductions à l’époque. L’impératrice russe Alexandra Féodorovna possédait d’ailleurs une reproduction de notre aquarelle, accrochée dans son Salon Mauve du palais de Tsarkoe Selo, et qui a disparu lors de la seconde guerre mondiale. C’est probablement à l’occasion de son voyage à Paris en octobre 1896 avec le Tsar que la jeune impératrice avait dû voir l’œuvre chez le président Félix Faure et l’avait beaucoup appréciée. Il semble que la composition fut également exposée lors de l’Exposition Universelle de 1900 avec la mention « Appartient à Madame Félix Faure ». E. Trogan, dans La Semaine des familles du 6 juillet 1895, accordait « une mention spéciale au Sommeil de la Vierge, traité avec beaucoup d’allure, à l’aquarelle ».
Prix sur demande

Oeuvre en rapport: aquarelle exposée au Salon des Beaux-Arts de Paris de 1895, Palais des Champs-Elysées, sous le N° 2754, pour laquelle notre oeuvre est préparatoire
Exposition: Valadon et ses contemporaines, musée des Beaux-Arts de Limoges (7 novembre 2020 – 31 mars 2021), puis Monastère Royal de Brou (19 mai – 5 septembre 2021)