Armand Point
(Alger, 1861 – Prague, 1932)
La Légende Dorée
1897
Lithographie en couleur sur papier japon
405 x 550 mm ; belles marges
Planche publiée dans L’Estampe Moderne, en septembre 1897, n°5.
Tirage de grand luxe tirées sur Japon à grande marges, imprimé par Champenois pour CH. Masson & H. Piazza, Paris
Signature de l’artiste et date dans la planche en bas à gauche APoint 1897, timbre à sec de L’Estampe Moderne (L.2790) représentant un profil d’enfant en marge inférieure, tampon numéroté 106 du tirage de luxe au dos
Cadre XXème à larges baguettes de chêne, encadrées de frises dorées.
57,5 x 67,3 cm
« J’ai vu entrer Armand Point (…) avec une dame qui semblait sortir d’un de ses tableaux, fraîche comme Le Printemps de Botticelli. » Aristide Marie
Orientaliste, symboliste, préraphaélite, artiste de l’âme, rénovateur, paysagiste, peintre, aquafortiste, dessinateur, pastelliste, fresquiste, émailleur, expert technique de la Renaissance Italienne, Armand Point a su exprimer d’une virtuose variété ses conceptions de l’Art et de la Beauté. C’est à l’automne 1888, lors de sa rencontre parisienne avec Joséphin Péladan, que Point renforce sa tendance imaginative, son amour du légendaire, du mystérieux et de l’occulte. Sur les conseils du Sâr, fervent admirateur de Léonard de Vinci, il s’approprie la ligne souveraine du dessin. Si le jeune artiste possède déjà une bonne connaissance de la peinture italienne acquise lors de ses visites au Louvre, Armand Point découvre véritablement l’Italie durant l’hiver 1894. Accompagné de sa compagne et muse Hélène Linder, le couple vit durant plusieurs mois, une période exaltante, émerveillés par les maîtres florentins des XVe et XVIe siècles.
Notre estampe, inspirée par l’œuvre littéraire de Jacques de Voragine, fusionne références italianisantes aux mondes féériques et merveilleux du Moyen Age chrétien. L’artiste adopte ici une approche néoplatonicienne des couleurs : les verts, les mauves, les orangés et les bleus des costumes répondent à ceux de la nature. Nous y contemplons, au premier plan d’un paysage arcadien, les profils donatellesques de deux élégantes jeunes femmes rousses assises côte à côte, revêtues de magnifiques robes fleuries. La première, les yeux mi-clos et le regard baissé sur son livre d’heures enluminé, arbore une coiffure en chignon très élaborée à longue natte ; la seconde, chevelure au vent, sourit légèrement, un iris mauve à la main, le regard perdu au loin dans ses rêveries. Vierge sage et vierge folle ? En quelque sorte, puisqu’il faut voir dans le visage stylisé de la première celui de son aimée Hélène Linder. Armand Point réalise pour notre lithographie une superbe étude préparatoire à la sanguine (Ill.1). La femme en âme rejoint ici le réel et fait advenir la vie spirituelle par l’art. Chez Point, la femme devient princesse.
VENDU
Fig.1. Deux Têtes, sanguine, 1897, 310 x 470 mm, collection particulière.
Bibliographie
Robert Doré, Armand Point, De l’orientalisme au symbolisme, Bernard Giovanangeli Éditeur, 2010, 144.p.