Attribué à
Boris Zvorykine
(Moscou, 1872 – Paris, 1942)
Vassilissia-la-très-belle
Vers 1903
Aquarelle sur papier
305 x 216 mm
Cadre XXème en pin à coins décrochés et motifs cloutés et pyrogravés de fleurs
Oeuvre encadrée 53 x 35 cm
Figure clé du renouveau des Beaux-Arts nationaux russes aux côtés d’Ivan Bilibine, l’art de Boris Zvorykine puise ses origines au cœur des contes d’Alexandre Afanassiev, des traditions artistiques byzantines, de la peinture d’icônes et des estampes russes sur bois, dites loubok. Né en 1872 dans une famille appartenant à la grande classe marchande moscovite, il intègre en 1892 l’école de peinture, de sculpture et d’architecture de Moscou en tant qu’étudiant libre et, dès 1898, ses premiers livres illustrés sont publiés. Son premier succès sérieux est la publication du livre Le Coq d’Or en 1903, ainsi qu’une série d’éditions illustrées de contes de fées russes pour enfants. L’esthétique de ses publications reflète la sensibilité nationaliste de toute une génération de peintres, tels Vassili Polenov, Victor Vasnetsov, Nicolaï Roerich et Mikhaïl Nesterov. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, ils se détournent totalement ou partiellement des modèles occidentaux enseignés dans les académies de Saint-Pétersbourg et de Moscou pour élaborer un art national qualifié de Néo-Russe.
En 1921, Zvorykine émigre en France via le sud de la Russie en passant par l’Égypte avec sa femme et ses deux filles. À Paris, il commence à travailler avec Henri Piazza et Fernand Nathan, ainsi qu’avec des éditeurs russes émigrés. Il réalise également un certain nombre d’icônes pour l’église orthodoxe du Christ-Sauveur d’Asnières-sur-Seine.
Véritable introduction au monde féerique de l’artiste Zvorykine, le sujet de notre aquarelle aux chatoyantes couleurs est tiré du conte merveilleux intitulé La Princesse Grenouille d’Alexandre Afannasiev, édité dans les années 1850. Revêtue d’une sarafane aux motifs traditionnels de la Volga, Vassilisia est représentée seule, dans l’intimité chaleureuse et rieuse de son isba. La belle se pare d’un kokoshnik devant un miroir à main, sous le regard attentif de son petit chat gris. Tandis que sur le samovar s’échappe de la thérière une fumée blanche, brûle dans le beau coin un lampion bleuté devant l’icône de la Vierge Noire de Kazan.
La caractéristique du style de Zvorykine se trouve dans la représentation graphique : s’inspirant de la technique du vitrail, un cerne noir ornemental délimite nettement les plages de couleurs, ajoutant du volume et de la perspective aux aplats d’aquarelle colorée. L’artiste ajoute ensuite des motifs ornementaux pour l’encadrement du dessin final. Cette association caractérise le Style Moderne Russe, équivalent de l’Art Nouveau occidental.
1 000 €
Bibliographie :
Contes populaires russes d’Afanassiev, Nouvelle édition complétée avec nouvelle introduction par L. Gruel-Apert ; postface de Tatiana Grigorievna Ivanova, Edition Imago, III tomes, 2009-2014.
Catalogue d’exposition, Musée d’Orsay, L’Art Russe – dans la seconde moitié du XIXème siècle : en quête d’identité, Edition Réunion des Musées Nationaux, 463 p, 2015.
