Laublin, Ascension Lunaire Le Cloitre de l'Art

Arthur LAUBLIN

(Mons, 1900 – Blaregnies, 1987)

Ascension Lunaire

1920

72 x 45 cm

Huile sur carton, contrecollée sur bois. Signée et datée en bas à droite

Cadre Jugendstil en chêne sculpté et dor

Provenance : Ancienne collection Chanoine Edmond Puissant ? (Belgique, 1860-1934)

Artiste belge à redécouvrir, peintre de scènes allégoriques et de portraits, dessinateur et décorateur, Arthur Laublin est élève dès 1919 à l’Académie de Mons d’Émile Motte, Alfred Duriau et Louis GreuzeIl. Il complète sa formation à l’Académie de Bruxelles auprès de Jean Delville, Constant Montald et Anto-Carte, trois importants peintres symbolistes qui exercèrent sur lui une profonde influence. L’artiste devient ensuite professeur d’arts graphiques à l’Académie de Mons de 1925 à 1961. Proche de son confrère Louis Buisseret, il travaille également en compagnie de Victor Regnart dans l’atelier de Motte aux côtés de son épouse Louise Gobert, peintre de natures mortes. Laublin fut aussi un membre pionnier du Bon Vouloir, cercle artistique montois crée en 1895, dont le premier salon réunissait 151 œuvres dues à douze artistes âgés de 18 à 27 ans. Dès 1914, le groupe de Mons s’affirme comme un cercle jeune, ouvert à toutes les tendances novatrices et à toutes les techniques artistiques. Sans en être membre, un second mouvement artistique influence la carrière de Laublin : celui du groupe Nervia, mouvement pictural wallon très influent dans les années 30 dont le nom fait référence aux Nerviens, une ancienne tribu gauloise opposée à César. À l’origine de ce mouvement : Léon Eeckman (1898-1987). Ce dernier apporte son soutien à des peintres à la fibre néo-humaniste tels que les maîtres de Laublin : Anto-Carte ou Louis Buisseret. Avec eux, il fonde en 1928 le cercle artistique Nervia. Partisans du Réalisme et du Surréalisme, leur art se veut d’essence latine, davantage classique, plus lyrique et plus intimiste que celui de leurs voisins du nord. Pourvus d’évidentes qualités techniques, ces artistes wallons refusent l’avant-garde à tout prix, et prônent un art harmonieux et idéaliste, défendant une figuration entre rêve et réalité. S’ils s’informent des mouvements Expressionnistes et Dadaïstes et en appliquent timidement certains procédés, c’est toujours, in finepour en rejeter ce qu’ils considèrent être des outrances.

Prix sur demande

Laublin Arthur, Ascension Lunaire, école de Mons

Durant l’entre-deux-guerres, l’art produit et apprécié à Mons reste donc traditionaliste et conforme aux leçons du passé. Cette fidélité à la figuration, si elle peut sembler à certains obsolète, anticipe et participe cependant du retour aux réalismes qui sera à la mode durant les années 1930. Il est assez difficile de décrire le style Nervien, néanmoins, ses organisateurs le résument ainsi : “l’artiste Nervien veut communiquer son émotion et son bonheur devant le spectacle de la vie. Par rapport à l’école Expressionniste, on peut dire que les Nerviens préfèrent le chant au cri, la raison à l’instinct. Un certain idéalisme contient leur lyrisme.”  

Le jeune Laublin s’inscrit avec cette peinture idéaliste dans la veine nervienne dont témoigne notre femme lunaire. Drapée d’un floral voile botticellesque aux bleus oiseaux magrittiens, cette Séléné moderne au modelé surréaliste fascine par l’étrangeté de son symbolisme protéiforme. Au-delà de l’iconographie, l’image vaut par sa présence. Laublin le démontre en modulant avec virtuosité sa palette chromatique des bleus vifs aux roses selon de subtiles nuances d’une douce blancheur vaporeuse et nuageuse. Avec sa longue chevelure blonde dénouée et ses yeux clos, cette jeune beauté nous élève vers un au-delà onirique. Création artistique et délectation esthétique se rejoignent ici dans une même introspection contemplative au terme de laquelle la matière apparaît spiritualisée.

 Marcel GILLIS (Mons, 1897-1972) Le Bon Vouloir, 1917, huile sur toile, 131 x 161 cm, Ville de Mons.

Références Bibliographiques

Collectif, catalogue d’exposition, LÉcole de Mons, 1820-2020, deux siècles de vie artistique, Michel De Reymaeker, entre rêve et réalité, l’école montoise entre-deux guerre, Beaux-Arts de Mons, Snoeck Édition, 2022.

Collectif, Mons, deux siècle d’art, La peinture montoise de 1900 à 1950, Les Éditeurs d’Art Associés, 1989.

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Enfin, une nouvelle galerie ouvre rue de la Grange-Batelière, ou plutôt deux galeries dans un même espace : le Cloître de l’Art et Artwins. Il s’agit de l’adresse où se trouvait jusqu’à présent Mathieu Néouze, qui fort heureusement ne cesse pas son activité mais l’exercera désormais en appartement. La richesse du marché parisien se voit ainsi au fait que les lieux ont très rapidement trouvé preneur, qui plus est avec de très jeunes galeristes. Les visiteurs ne seront d’ailleurs pas dépaysés par leur première exposition tant le goût reste proche de celui de leur prédécesseur. (…) Le second, intitulé Ascension lunaire (ill. 6), est daté de 1920. Si son style, encore parfaitement symboliste, peut donc être considéré comme un peu retardataire, on ne peut s’empêcher d’admirer la superbe qualité de cette peinture réalisée par un artiste, Arthur Laublin, disparu assez récemment puisqu’il est mort en 1987. Celui-ci, né à Mons, fut notamment l’élève de Jean Delville dont l’influence sur cette œuvre, qu’il peignit à l’âge de vingt ans, est extrêmement forte.