Auguste MORISOT
(Seurre, 1857 – Bruxelles, 1951)
Portrait de Pauline
1899
Eau-forte, effets d’aquatinte ou de monotype et rehauts de couleurs sur papier Japon
270 x 215 mm, marges 335 x 260 mm
Monogramme entrelacé stylisé à l’eau forte dans la plaque à gauche AM
Cadre en bois de forme ogivale en jonc doré à la feuille d’or
« L’art comme je l’entends doit être l’expression divine des choses terrestres dans ce qu’elles ont de plus beau, de plus noble, de plus élevé. » A.M.
Né en 1857 à Seurre, en Bourgogne, Auguste Morisot se forme aux Beaux-Arts de Lyon. A l’issue de ses études, le jeune homme est missionné comme aquarelliste d’une expédition scientifique qui sillonne le fleuve Orénoque au Vénézuela pendant dix-huit mois. Le jeu de lumière filtrant à travers la futaie de la forêt vénézuélienne qu’il comparera aux verrières gothiques infusa toute son œuvre, ainsi que sa pensée religieuse personnelle. À son retour en 1887, il devient professeur de dessin à l’école régionale de Vaise et se marie à son âme sœur : Pauline. Dessinateur, peintre, graveur, maître-verrier et décorateur, Auguste Morisot fut un artiste aux multiples talents. Il eut pour thèmes de prédilections la majesté de la forêt et les joies du foyer, composé de sa femme et de leur fille Marcelle. Morisot s’intéresse alors à la création de mobilier et de vitraux, dans un style qui oscille entre ceux des Nabis et de l’Art nouveau, un peu à la manière de Maurice Denis. Son approche personnelle se démarque par son graphisme d’ensemble et sur la ligne. L’artiste sylvestre considérait en effet le dessin préalable à tous les arts et ne cessa de crayonner au quotidien tout au long de sa vie. En 1898, l’artiste reçoit sa première commande publique : la réalisation des cartons de vitraux religieux pour l’église Saint-Symphorien de Trévoux, dans l’Ain. Il est également l’auteur de nombreuses verrières civiles, exécutées pour une clientèle liée à son entourage, voire pour lui-même.
En 1902, Morisot commence à pratiquer la peinture à l’huile et peint des paysages d’un goût de plus en plus imprégné par la littérature symboliste et les travaux poétiques de son confrère Louis Janmot (1814-1892). Il déploie sa pleine inspiration mystico-symboliste à travers des textes tels Voix de la forêt : Impression d’un peintre en Forêt qui l’amène à dessiner des forêts réalisées au fusain peuplées de fées ou animées d’une atmosphère mystique. Morisot découvre par la suite la technique de l’eau-forte grâce à l’excellent et prolifique aquafortiste Joannès Drevet (1854-1940). L’artiste manifeste très vite une curiosité pour les essais techniques ; son oeuvre gravé évolue et se complexifie, et il n’hésite pas à entremêler plusieurs techniques. En témoigne notre Portrait de Pauline, réalisé à l’eau-forte vers 1899 d’après un dessin de 1897 retravaillé à la pointe-sèche aboutissants à de rares états uniques rehaussés de couleurs, encre ou aquarelle. Son catholicisme mystique s’exprime dans ce merveilleux portrait auréolé d’un nimbe irradiant dont la technique empreinte d’une émotion amoureuse transfigure la nature de sa femme de la Terre aux Cieux, yeux clos.
2 200 €
Références Bibliographiques
Exposition du Musée des Beaux-Arts de Lyon, Laurence Berthon, Martine Villelongue, Auguste Morisot, Du Crayon au Vitrail, Fage Éditions, 2015.