Ezio Sighieri
(Caprona, Vicopisano, Italie – 1868)
Doux Rêve
1910
Terracotta aux tonalités vert d’eau
H : 30 x L : 30 x P : 24 cm
Signé dans la chevelure en bas à droite E. Sighieri
Ezio Sighieri est un sculpteur italien ayant appartenu au Stile Liberty, actif à Carrare de 1882 à 1886 avant de collaborer avec Augusto Rivalta à Florence. Il se déplace ensuite à Paris en 1893 pour se former dans la capitale de l’Art Nouveau aux côtés d’artistes français, tels Anatole Marquet de Vasselot, auprès duquel il apprend à manier l’argile. C’est dans les années 1910 que Sighieri réalise une première version en terracotta de Doux Rêve, qu’il édite ensuite en porceleine puis en bronze. En 1914, il retourne ensuite en Italie, afin de travailler à Milan et Florence.
Jusqu’à la fin du XIXème siècle, la sculpture européenne demeure figée dans un certain classicisme, que le renouvellement des Arts Décoratifs, sous l’influence de l’Art Nouveau, vient libérer des contraintes passées. Les artistes peuvent dès lors aborder des thèmes inédits et travailler de nouvelles matières. De plus, des inventions techniques permettent de reproduire les sculptures à moindre coût, ce qui ouvre à ces objets un marché beaucoup plus vaste. Dans les années 1890, la sculpture de style Art Nouveau répond à la demande des classes moyennes à la recherche d’objets décoratifs pour leurs demeures. Le style Art Nouveau se répand polyphoniquement dans toute l’Europe, et est en Italie désigné tour à tour de « Stile Liberty », de « Stile Floreale » ou bien encore de « Nuovo Stile ». Si l’Art Nouveau Italien s’épanouit en premier lieu au travers de l’architecture, notamment au sein de splendides villas bolonaises, turinoises et vénitiennes, il fait son entrée dans la peinture et la sculpture italienne par des voies diverses, à la croisée entre influences Préraphaélite, Impressionniste et Symboliste.
Dans le domaine de la sculpture comme dans celui des autres Arts Décoratifs, la Nature constitue la principale source du style Art Nouveau International. Le mouvement et la courbe deviennent ainsi la mélodie universelle de ce nouvel art, portés avec poésie par des notes rythmées et des lignes en coup de fouet. Caractéristique de cette esthétique, la figure féminine règne sur cette ornementation, aux côtés de fleurs, de papillons, de libellules, d’insectes et de vagues stylisés. Elle y incarne à elle seule ce mouvement artistique qui la glorifiera en l’idéalisant tout à tour en nymphe, femme fatale ou danseuse ; tantôt émergeant des vagues, tantôt tourbillonnante ; parfois naissant d’une corolle, telle une femme-fleur tirant sa force de la nature même. Dotée d’un canon éminemment sensuel, son innocence virginale y rivalise avec une connaissance charnelle sous-jacente : les tourbillons mystiques de l’Art Nouveau s’enroulent autour de contours d’un classicisme immuable, dont l’inspiration utopiste côtoie le cauchemar gothique, à la frontière entre Préraphaélisme et Symbolisme.
Frederick Sandys (1829-1904) Vivien, huile sur toile, 1863, Manchester Art Gallery
Notre sculpture au charme envoûtant, dont le visage à la sérénité onirique est couronné d’une longue chevelure bouillonnante typique du style Liberty, nous offre à contempler toute la beauté du mystère d’une âme rêveuse et apaisée sous l’effet de la Grâce, en profonde communion intérieure, yeux clos et esquissant un caressant sourire au coin de lèvres délicatement ourlées.
Ci-dessous la version editée en bronze de Doux Rêve.
Vendu
Bibliographie & Références :
Marc Restellini, L’Art Nouveau, la Révolution Décorative, Editions Skira, 2013.
Jean-Michel Leniaud, L’Art Nouveau, Editions Citadelles & Mazenod, 2009.
Roger-Henri Guerrand, Louis Aragon, L’art nouveau en Europe, Editions Tempus, 2009.
Paul Arthur, French Art Nouveau Ceramics, An illustrated Dictionary, Norma Éditions, 2022.