Attribué à Célestin Nanteuil
(Rome 1813 – Seine-et-Marne, 1873)
La Vallée de Larmes, dessin préparatoire pour l’illustration lithographique d’une partition musicale (Salve Regina?)
vers 1850
Mine de plomb
290 x 240 mm
Dans son cadre en bois doré ancien
Célestin Nanteuil représente le graveur romantique par excellence. Homme doux et placide, singulièrement timide parmi les jeunes gens fougueux du cénacle d’Eugène Delacroix, il brûle de passion pour la comédienne Marie Dorval, qui lui préfèrera Alfred de Vigny. « Personne ne fut plus agneau que Célestin Nanteuil », écrira le critique Champfleury. De ces battements de cœurs naissent des créations artistiques au style mélancolique, sensible et exalté. Formé dans l’atelier d’Ingres et aux Beaux-Arts, il puise principalement son inspiration auprès des génies littéraires de son temps : Victor Hugo, Théophile Gautier et Alexandre Dumas. L’admiration de ses contemporains est réciproque : « Il excellait à encadrer des personnages de poème, de drame et de roman dans des ornements semblables à des châsses gothiques avec triples colonnettes, ogives, niches, dais, piédouches, statuettes, figurines, animaux chimériques ou symboliques, saints et saintes sur fond d’or qu’il inventait au bout de la pointe, car il avait une fantaisie inépuisable ». Théophile Gautier.
Le répertoire iconographique nantesque est peuplé d’êtres rêvés qu’il intègre au sein de cadres féeriques aux décors Médiévaux et Renaissance. S’y côtoient dans un atmosphère lyrique et fantastique vieillards et anges, figures monstrueuses et femmes séraphiques, chevaliers en armure et messieurs en redingote. Sa longue carrière de graveur se scinde en deux parties : admirable aquafortiste dans les années 1830, il utilise presque exclusivement la lithographie à partir de 1845. Ses compositions ingénieuses, sa liberté de création, sa verve d’ornemaniste, la légèreté de sa pointe sur le cuivre, puis l’originalité de son crayon lithographique se mettent au service d’écrivains, de musiciens de gazettes ou de peintres, la plupart de ses oeuvres étant des illustrations littéraires ou interprétations musicales.
Ill.1. Célestin Nanteuil (1813-1873), Couverture de partition (piano seul), Lalla Roukh, Opéra comique en 2 actes, composée par Félicien David (1810-1876), édité par E.Girod, Paris, 1892. Bibliothèque Nationale de France.
Notre envolée séraphique à la délicate écriture graphique pourrait être un dessin préparatoire à l’illustration lithographique d’un partition musicale de la main de Célestin Nanteuil. Composée d’un groupe de cinq femmes, l’attitude orante, céleste et larmoyante adoptée par chacune d’elle ferait écho aux paroles du Salve Regina, prière catholique dédiée à la Vierge Marie très en vogue dans la liturgie parisienne du XIXème siècle :
« Nous crions vers toi,
enfants d’Ève exilés.
Vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant
dans cette vallée de larmes. »
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Bibliographie