ÉMILE SIGNOL

(attribué à)

(Paris 1804 – Montmorency 1892)

Tête d’Ange, d’après Raphaël

Circa 1835

Crayon noir

19,6 x 12,5 cm

Cadre Art Nouveau en bois et stuc doré à motifs floraux de nénuphars. Montage en portfolio articulé, passe-partout biseauté en CC conservation lie de vin, filets dorés rapportés et filets d’encre. Verre anti reflet.

 

Si la paternité de notre ange revient assurément à un artiste français appartenant au courant Nazaréen de la première moitié du XIXème siècle, notre étude se rapproche plus particulièrement d’une autre tête d’ange (Ill.1) attribuée à Émile Signol, préparatoire à un projet de décoration. L’écriture estompée à la pierre noire fait de notre dessin une œuvre charnue emplie d’enthousiasme et révélatrice des sources d’inspirations de l’artiste puisées dans les chambres vaticanes de Raphaël, dont notre ange constitue une reprise de celui situé à gauche du registre céleste (Ill.2). Âgé de vingt-six ans, Émile Signol obtient le premier Prix de Rome en 1830. Durant ces cinq années italiennes, l’artiste se laisse subjuguer par le primitivisme Fra-Angelesque et la douceur Raphaélesque ainsi que par l’audace coloriste des maniéristes. L’artiste se rend également à Florence en 1833 afin de réaliser sa copie de quatrième année d’après les fresques d’Andrea del Sarto, peintes dans le cloître de l’église de la Sainte Annonciation. C’est à son retour de Rome qu’il commence une œuvre aussi dantesque qu’ ésotérique dont la perfection formelle se fond à une palette chromatique surprenante faite de notes pastelles et acides (Ill.1). Si le style des figures y est volontairement archaïsant, le singulier modelé des visages y est proprement de son temps. La gracieuseté de sa ligne et la pédagogie de ses compositions incarnent ici toute la dimension catholique de son œuvre. Illustrant les préoccupations idéologiques en vogue sous le règne de Louis-Philippe, les peintres nazaréens offrent à la peinture française une profonde renaissance religieuse qui fut en grande partie théorisée par le comte Charles de Montalembert.

Encensé par les conservateurs, sa proximité avec les maîtres du passé et ses nombreuses références à la peinture gothique furent jugées « régressives » par les courants républicains. Émile Signol sut pourtant aller au-delà des conventions et dépasser la discorde manichéenne opposant linéaires aux coloristes, idéalistes aux romantiques, spiritualistes aux humanistes. Réconciliatrice, son œuvre se fait profondément novatrice, d’un éclectisme raffiné dont la singularité iconographique renouvelle les traditionnelles scènes évangéliques, réconciliant Ingres à l’Angelico, alliant la sensibilité gréco-romaine du premier à la spiritualité chrétienne du second.

650 €

 

Bibliographie & Références :

Marché de l’art parisien. (3 mars 2011). SVV Collin du Bocage, Lot 4 (Ill.1)
Méléagre reprenant les armes à la sollicitation de son épouse, huile sur toile, Paris, ENSBA.
Caffort M. (1986) Un Français « Nazaréen » : Émile Signol. Revue de l’Art, (74), pp. 47-54.
Montalembert, C. (1837). De l’État actuel de l’art religieux en France.