ÉTIENNE-FRÉDÉRIC LIGNON
(Paris 1779 – 1833)
Tobie, d’après Raphaël
Circa 1820
Crayon noir
260 x 320 mm
Cadre XIXème en bois et stuc doré, décors à palmettes stylisées encadré d’une frise de fleuilles de laurier et filet de perles. Verre Clarity anti reflet.
« Il fut le meilleur buriniste du XIXème siècle ». C’est ainsi qu’Henri Beraldi, l’un des plus illustres collectionneurs et amateurs d’estampes du siècle passé qualifiait l’artiste parisien Etienne-Frédéric Lignon au sein de son anthologie en plusieurs volumes parue en 1885. Répondant à la demande croissante d’une clientèle érudite avide de reproductions qualitatives des chefs d’œuvres italiens, les graveurs d’interprétations préfigurent l’avènement de la photographie contemporaine. Fort d’un excellent enseignement du dessin qu’il reçoit du néoclassique Antoine-Alexandre Morel (1765-1829), Lignon développe une technique orfévrée, pour la plus grande délectation des esthètes et collectionneurs de son temps. Contribuant à sa popularité, il expose régulièrement au Salon de 1810 à 1833, dont il est médaillé en 1810 et 1819 pour plusieurs gravures d’après différentes compositions peintes de Guido Reni, Raphaël, Girodet et Fragonard. Bien qu’inspiré par la ligne moelleuse et harmonieuse du second style raphaélesque, c’est à travers le prisme nazaréen que Lignon transpose d’un trait incisif et précis le profil de Tobie. La singularité de cette modulation graphique se révèle être d’autant plus frappante à la lumière de la comparaison des deux jeux d’écriture.
Ill. 1. Etienne-Frédéric Lignon, Vierge au Poisson, eau-forte, Andersen 2; Beraldi 17; LeBlanc 4, ii. Photo© President & Fellows of Harvard College.
Ill.2. Raphaël, Etude pour La Madone au Poisson, pierre noire, lavis brun et rehauts de blanc, (1512-14) 25, 80 x 21,30 cm, National Galleries of Scotland ©Private Treaty, Art Fund & the National Heritage Memorial Fund, Keith and Rene Andrews fund.
Ill. 3. Raphaël (1483-1520) Vierge au Poisson, huile sur toile, 1513-1514, Musée du Prado, Madrid.
La fluidité atmosphérique apportée par les modulations de lavis bruns et de rehauts de blanc sur la composition préparatoire de Raphaël (Ill.3) permet de mettre d’autant plus en relief la qualité sculpturale de notre dessin. Il constitue une étude préparatoire à la gravure (Ill.1) pour la tête de profil du jeune Tobie d’après le tableau de Raphaël (Ill. 2). Ami, compagnon de route, protecteur et guide, l’ange Raphaël accompagne Tobie tout au long de son chemin spirituel à la quête du remède contre la cécité de son père dont le poisson christique en est la clé ; celle de la guérison des âmes ravivant le cœur divin présent en chaque homme.
L’œuvre originale fut commandée au prince des peintres par le napolitain Giambattista del Doce afin d’orner sa chapelle privée consacrée à Sainte Rosalie en l’Église San Domenico Maggiore, à Naples. C’est au XVIIème siècle que La Vierge au Poisson raphaélesque entama sa navigation vers l’Espagne suite à son acquisition par le vice-roi de Philipe IV. Trônante, la Vierge y tient le Christ enfant sur ses genoux. A sa gauche, saint Jérôme revêtu de la robe cardinale lit la Vulgate, qu’il a lui-même traduite. L’Archange Raphaël, doublement représenté, symboliquement sous la forme du lion et humainement incarné auprès du jeune Tobie, lui guide tendrement la main gauche vers l’enfant Jésus, tandis qu’à sa main droite balance au bout d’un mince lacet bleu le poisson salvateur.
730 €
Bibliographie & Références :
Beraldi, H. (1885-1892) Les Graveurs du XIXe siècle, Guide de l’amateur d’estampes modernes.
Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture et gravure des artistes vivants, exposés au Musée Napoléon (1810-1819),Paris (p. 132, n°1160 ; p.160 n°1511).