Eugène Grasset
(Lausanne 1845 – Sceaux 1917)
Froideur
1897
Lithographie
Publiée par G. de Malherbe, de la série Dix estampes décoratives ; Caractères de femmes, fleurs embléamtiques
Feuille : 290 x 210 mm – Sujet : D 150 mm
Inscription Art et Décoration, signé E. Grasset en marge basse de la feuille
Cadre Art Nouveau ajouré de couleur acajou, orné d’une rosace
Précurseur de l’œuvre d’Alphons Mucha, pionnier du design Art Nouveau et qualifié par le bibliophile Octave Uzanne en 1892 de « dévot d’art qui, jusqu’ici, a vécu fier, mystérieux et béatifié, sous la cagoule de son idéal », c’est après un certain purgatoire que le nom d’Eugène Grasset retrouve de nos jours sa place dans l’Histoire de l’Art, et cela, depuis la fin des années 1960.
De sa devise Toujours plus haut, accompagnant sa vignette représentant un cheval fougueux gravissant une montagne dont les nuages cachent le sommet, Eugène est élevé dans un environnement artistique d’un père sculpteur et ingénieur. Il étudie le dessin très jeune avant de parfaire sa formation architecturale à Zurich en 1861. Entre 1869 et 1970, il travaille comme peintre et sculpteur à Lausanne. Contemporain de Théophile Steinlen, Grasset s’installe par la suite à Paris en 1871, avant d’être naturalisé français vingt ans plus tard. La capitale, alors en pleine éclosion symboliste, permet à l’artiste suisse d’être aux premières loges de l’évolution littéraire et artistique bouillonnante de l’époque. Grasset renonce à la peinture afin de se lancer dans l’aventure élargie des Arts Décoratifs. Malgré sa fréquentation épisodique du légendaire cabaret montmartrois Le Chat Noir, Eugène reste un travailleur artiste et théoricien de l’art très solitaire et inclassable. Il participe néanmoins au salon de la Rose + Croix sous l’égide de Joséphin Péladan en mars 1892.
Véritable Artiste Créateur – Décorateur – Designer, à l’instar de son homologue anglais William Morris, Grasset invente, dessine et fabrique du mobilier, des tissus, des tapisseries, des céramiques et de somptueux bijoux qui saisissent par leur intensité d’évocation et de rêve. Avec une puissance extraordinaire d’invention, il renouvelle les Arts Décoratifs où l’image se révèle être une combinaison du songe intérieur de l’âme… L’association d’une carrière de « décorateur », combinée avec l’ambition artistique la plus élevée de Grasset s’inscrit bien dans l’intégration artistique progressive et complexe durant le XXème siècle des Arts Décoratifs dans le champs artistique « noble ». C’est cette idée d’un Art dans tout et pour tous que prône le style Art Nouveau grâce à l’abolition de la hiérarchie des arts au profit des notions d’ornementation et du style.
C’est à partir des années 1890 que l’oeuvre de Grasset affiche une perméabilité à l’ambiance poétique du Symbolisme : le répertoire légendaire en fait partie, tout comme les figures angéliques, le japonisme, la thématique musicale, une certaine flore mystique et divers sujets à connotation mystérieuse ou littéraire. L’on y trouve une image récurrente de la femme, tantôt rêveuse, tantôt plus incertaine et inquiète. Ses figures féminines sont façonnées par le souvenir de la Première Renaissance italienne, et en particulier par l’œuvre de Botticelli. Dans un souci de diffusion élargie de son oeuvre, Eugène Grasset s’intéresse également à l’estampe et à l’affiche via le design graphique, collaborant ainsi avec diverses revues de son temps telles Les Maitres de l’Affiche et Art et Décoration, dont est issue notre lithographie. Intitulée Froideur, notre planche est extraite d’une suite de dix estampes décoratives illustrant les différentes attitudes sentimentales et mouvements psychologiques agitant la femme de la Méditation à l’Inquiétude et l’Anxiété en passant par l’Extravagance, la Coquetterie et la Jalousie.
Véritable symphonie iconographique des attitudes féminines, notre lithographie figure une jeune beauté impassible au profil idéalisé se détachant sur un fond végétal stylisé dont le regard, porté vers le lointain, évoque le sentiment de détachement et d’inaccessibilité.
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Bibliographie & Références :
Catherine Lepdor, Eugène Grasset, L’art et l’ornement, Éditions 5 Continents, 2011.