Evocation, Chanson du quartier latin, lithographie Paul Balluriau

Paul Balluriau

(Oullins 1860 – Paris 1917)

Évocation

Illustration pour Paul Delmet, Chansons du Quartier Latin, Paris, Enoch & Cie, 1897.

Poésie par Maurice Boukay

1899

Lithographie sur vélin glacé

 208 x 169 mm ; marges 287 x 190 mm

Montage en portefeuille de conservation rigide blanc

D’abord interprète dans le genre « diseur », le baryton Paul Delmet, jeune homme mince et blond, portant lorgnon pour dissimuler un œil de verre à ses débuts, obtient rapidement du succès en interprétant des romances sentimentales. Il écrit sa première composition Joli Mai en 1887. Ses romances et chansons mélodiques pleines de tendresse mélancolique sont interprétées régulièrement au Chat Noir. Son œuvre chantée transcrite en partitions pour piano est très diffusée et se voit ornée d’illustrations signées de la main des plus grands artistes de l’époque, dont Paul Balluriau, Adolphe Willette et Steinlen. Artiste autodidacte, dessinant le plus souvent d’après modèle vivant et d’inspirations saisies dans les rues bouillonnantes de la Belle Époque, Paul Balluriau œuvre à l’illustration de nombreuses publications parisiennes telles L’Assiette au Beurre, L’Estampe Moderne et Fin de Siècle depuis son atelier du boulevard Saint-Marcel durant les années 1900. Il collabore également à des recueils de chansons, partitions et livrets, dont les Chansons du Quartier Latin pour Delmet.

« Durant plus d’un an, Balluriau se mit à l’oeuvre. Il nous donna, deux fois, par semaine, très régulièrement, ces superbes compositions qui excitèrent l’admiration des Rochegrosse, des Gérôme et des Henner. Quelle souplesse et quelle variété dans ces dessins ! Tantôt la beauté classique, dans sa pure perfection de lignes. Vénus, Phryné, Laïs, spirituellement modernisées. Des nus, un peu sévères, des déesses de la Grèce, Balluriau en évoqua les amours païennes, si majestueuses et robustes. Il n’est pas réaliste, tout en ayant le souci le plus absolu de l’exactitude et de la vérité. Pas un croquis ne sort de sa plume qui n’ait été minutieusement étudié, d’après le modèle vivant. Balluriau est un poète. Ses dessins, triomphalement, chantent la gloire de notre idole : la femme ; son culte est d’un fervent, d’un croyant, capable de braver le martyre même pour sa Foi hautaine et dédaigneuse. (…) Le Travail ; l’Art. Il faut bien un peu souffrir, un peu saigner, pour ce qu’on aime. »

Paul Balluriau par René Emery, in, La Plume, revue littéraire et artistique bi-mensuelle, 1 janvier 1893, p.160-161.

Paul Balluriau, Evocation, Chansons du Quartier Latin lithographie XXe
Chanson du Quartier Latin, partition musicale, Paul Delmet, Paris 1900

Ill.1. Paul Balluriau, Illustration de couverture pour le recueil de partition pour piano Chansons du Quartier Latin, 1897, Paris, Enoch & Cie.

« Quartier Latin ! Magique évocation d’ardente jeunesse un peu folle, mais belle et chantante ! (…) Et pourquoi les chansons de Paul Delmet ne s’appelleraient-elles point romances ? Je l’aime ce terme défraîchi. Malgré tous les fanages, la romance demeure éternelle, comme toute jeunesse, tout espoir, tout amour. (…) Les cocottes adorent la romance (…) l’âme tendre de Juliette désire des strophes où apparaissent les oiseaux et les étoiles, les fleurs exquises pâmées et le murmure des ruisseaux. Et pour satisfaire à ce désir ému, naïf et respectable, voici Delmet. Ce nouveau recueil pour lequel, du bout de son crayon, Paul Balluriau a tracé une préface, les mélodies se succèdent, tendres, savoureuses, voluptueusement légères, comme des libellules enchantées d’amour dans un rais de soleil au-dessus d’un étang fleuri

Émile Goudeau, Préface au livret Chansons du Quartier Latin, 1887.

“Pour chanter ma chanson d’amour,

Sois plus tendre et plus solitaire,

et laisse avec la fin du jour descendre en toi plus de mystère.

Clos ta porte et clos tes volets, pour mieux charmer ta rêverie,

Et fais comme si tu voulais m’avoir seul avec toi, chérie.

D’où vient que ton cœur bat si fort, ne veux-tu pas qu’il se recueille ? “

Évocation, Poésie composée par Maurice Boukay, dans Chansons du Quartier Latin

Évocation, Chat Noir, Femme belle époque, paris 1900

VENDU

Bibliographie

Fleur Roos Rosa de Carvalho, Marije Vellekop, Printmaking in Paris; The Rage for prints at the fin de siècle, Amsterdam, Van Gogh Museum, 2012, p. 159