Auguste Morisot, Portrait de Pauline

Madeleine FIÉ-FIEUX

(Varennes-en-Gâtinais, 1887 – Clohars-Fouesnant, 1995)

Nature morte à la tête de Christ et aux boules de Pardon

1937

Huile sur bois

55 x 45,5 cm

Signé M. Fié-Fieux. en bas à droite, contresigné des initiales de l’artiste F.F et daté 37 en haut à gauche

Madeleine Fié est née le 23 septembre 1897 chez ses grands-parents maternels, à Varennes-en-Gâtinais, dans un milieu aisé. Pensionnaire au lycée Molière à Paris, elle bénéficie d’une éducation bourgeoise ponctuée de cours de piano, de chant et de dessin. Durant l’une de ses périodes de vacances à Varennes, Madeleine réalise le portrait au fusain d’un des habitants du village qui l’expose dans un café. Admiré, cela encourage la jeune femme à intégrer l’Académie Julian. Elle y reste une dizaine d’années avant d’épouser à vingt- sept ans Philippe Fieux, un jeune prothésiste dentaire, rencontré quelques années auparavant au cabinet de son père. Elle associe avec audace pour l’époque son nom de jeune fille à son nom d’épouse. Installée à Nantes où exerce son mari, elle continue les cours de dessin. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance d’Émile Simon (Rennes, 1890-1976), professeur de dessin à l’École des Beaux-arts de la ville. En 1938, le peintre expose au Salon des artistes français Souvenir, un élégant portrait de son élève en robe du soir, que cette dernière, en référence à ses propres talents pianistiques, renomme Souvenir de Chopin. Madeleine est amenée à soutenir son maître dans les moments sombres de sa vie, lors de la perte de sa femme après seulement trois ans de mariage. Liés d’amitié, le couple s’installe, après la Seconde Guerre mondiale avec Émile Simon au manoir de Squividan dans le Finistère, leur demeure de Nantes ait été bombardée. Madeleine et Émile vont alors partager le même atelier, marquant le début d’une intense période d’activité artistique, qui durera une trentaine d’années. « Nous allions vivre dans ce soin de paradis de rêve une existence d’artiste idéale, exclusivement consacrée à la peinture. Dans cet endroit aux multiples facettes, la nature colorée allait exercer son action sur notre sensibilité artistique et lui permettre d’exprimer le meilleur de nous-même. » Au second étage du manoir, elle fait aménager un atelier doté d’une verrière orientée au nord, pour disposer d’une lumière neutre et régulière. Les deux artistes vont explorer le territoire breton et en représenter les paysages, le travail quotidien et les fêtes.

Auguste Morisot, Portrait de Pauline
Auguste Morisot, Portrait de Pauline
Laublin Arthur, Ascension Lunaire, école de Mons

L’œuvre peint de Madeleine Fié-Fieux se décompose en trois facettes : les portraits réalistes, les compositions florales et la représentation de la statuaire bretonne. Les fleurs vont occuper une grande place dans sa vie. Grâce au grand jardin au Manoir de Squividan, les bouquets sont nombreux dans son œuvre peint. Durant les années 1970, Madeleine expose régulièrement des études de fleurs au Salon des artistes français, dont elle est membre du jury. En 1955, elle y obtient une médaille d’or, grâce à la représentation d’une Vierge à l’Enfant dans un retable, Notre-Dame-de-Bon-Secours. Croyante, l’artiste aime se recueillir dans le calme et la prière au sein de vieilles chapelles bretonnes. Conduite par son mari, elle visite nombre d’églises et de chapelles du Finistère et du Morbihan en vue de réaliser, d’après des groupes sculptés en pierre ou bois polychrome, les dessins et les esquisses qui lui permettent, à l’atelier, d’élaborer des compositions de grand format destinées au Salon lui sert ainsi de modèle, une certaine tête de Christ médiévale bretonne aux doux visage et yeux clos, probablement issue d’un calvaire monumental. Elle la représentera à plusieurs reprises entre 1937 et 1940. (Ill.1) Dans notre lumineux tableau, cette tête christique se détache d’un fond intérieur neutre, reposant sur une table recouverte d’une étoffe bleu paon à brocart floral sur laquelle sont disposés un missel et un chapelet à perles noires. Couronnée à sa gauche d’un bouquet de roses poudrées et incarnates, la statuaire est entourée de boules de Pardon. L’histoire des boules de Pardon nous transporte dans la Bretagne du XIXème siècle, lors des processions religieuses appelées Pardons. Celles-ci se concluaient par des festivités à la fois musicales et sportives à l’issue desquelles les jeunes hommes offraient une boule de pardon à la jeune femme qu’ils souhaitaient demander en fiançailles. La taille de la boule de verre était représentative de l’aisance financère de la belle-famille. Cette magnifique composition à l’intériorité singulière condense toute la virtuosité de l’art de Madeleine Fié-Fieux, femme artiste cultivée au tempérament profond.

2 500 €

Références Bibliographiques

Jean-Marc Michaud, Émile Simon & Madeleine Fié-Fieux, deux peintres en Finistère, éditions Coop Breizh, Kerangween, 2019.

Auguste Morisot, Portrait de Pauline