JEAN-LOUIS LACURIA
(Lyon 28 juin 1808 – Oullins 6 novembre 1868)
Saint Jean quitte tout, d’après Hippolyte Flandrin
Circa 1840
Crayon noir
Signé en bas à gauche L.L
Inscription en bas à droite au crayon noir : St JEAN QUITTE TOUT POUR SUIVRE JÉSUS Hte FLANDRIN PINXIT
230 x 155 mm
Cadre XIXe en bois doré à la feuille d’or mouluré jonc de style Louis-Philippe. Montage en portfolio articulé, passe-partout biseauté avec filets encre et or, verre Clarity anti reflet.
Marchant courageusement vers sa destinée, le jeune saint Jean déploie ses bras aux ailes séraphiques, irrésistiblement attiré vers la lumière. Transposée avec une virtuosité graphique stupéfiante, cette étude pourrait être de la main d’Hippolyte Flandrin. Elle se révèle être de Louis Lacuria, dont la ligne soignée résume toute l’admiration nourrie pour l’œuvre du frère d’art et d’âme. Dessinateur précoce, fils d’orfèvre et frère du prêtre Paul-François Gaspard, Louis Lacuria entre à l’âge de 15 ans aux Beaux-Arts de Lyon sous l’enseignement du peintre troubadour Pierre Révoil. C’est auprès de Jean-Auguste Dominique Ingres qu’il poursuit sa formation artistique à Paris où il s’installe à l’automne 1830 en compagnie d’Hippolyte Flandrin. Agés de 20 ans, ils aspirent à trouver auprès du maître l’écho spirituel dont ils sont animés. Si la vie matérielle se révèle ardue, l’allégresse artistique et spirituelle compense les difficultés. En octobre 1831, Louis s’inscrit à l’École des Beaux-Arts. Participant au Prix de Rome, Flandrin lui sert de modèle pour son personnage de Thésée qu’il n’obtient pas, à l’inverse d’Hippolyte. Le douloureux départ de celui-ci en Italie contribue à la naissance d’une riche correspondance de 1832 à 1843. Parvenue jusqu’à nous, elle constitue un témoignage fidèle de l’atmosphère ingresque où l’intégrité morale rimait avec une certaine perfection graphique.
Ill.1 Hippolyte Flandrin, esquisses pour le décor de Saint-Severin, Cleveland, collection Butkin.
Les années 1835-45 constituent une décennie d’or pour la peinture religieuse et contribuent au formidable renouveau décoratif de nombreuses églises parisiennes, dans lesquelles fleurissent et s’épanouissent le talent des meilleurs artistes de l’époque : Louis Lacuria exerce pour sa part au sein de l’atelier d’Alphonse Périn et de Victor Orsel dont il devient le praticien à Notre-Dame-de-Lorette en 1834. A son retour en 1839, Hippolyte Flandrin se voit chargé de la décoration de la chapelle Saint-Jean en l’église gothique Saint-Séverin pour laquelle il réalise un dessin préparatoire. (Ill. 1).
Cette fresque, peinte à l’encaustique sur pierre, représente les scènes principales de la vie de l’apôtre Jean. Elle s’organise en quatre parties dont deux carrées et deux autres en ogive. Achevée deux ans plus tard, elle révèle toute la singularité stylistique et la maîtrise technique de l’artiste, établissant la réputation de Flandrin comme peintre religieux à l’inspiration fra-angelesque en harmonie avec les origines médiévales de l’édifice datant du XVème siècle.
VENDU
Bibliographie :
Hardouin-Fugier, E. (1976). Jean-Louis Lacuria, élève d’Ingres, ami d’Hippolyte Flandrin. Bulletin du Musée Ingres (40), pp. 9 -20.
Foucart, B. (1987). Le Renouveau de la peinture religieuse en France (1800-1860), Arthena.