Georges Charles Coudray

(Paris 1862 – 1944)

La Princesse Maleine ou Mélisande

Vers 1890

Buste en terre cuite polychrome

H : 19 x L : 20,5 x P : 9,8 cm

Provenance : Collection David Wilkie Cooper, Photographe

Cachet d’atelier en creux dans la chevelure

 

Élève du célèbre sculpteur toulousain Alexandre Falguière à l’École des Beaux-Arts de Paris où il entre en 1884, Georges Charles Coudray expose par la suite régulièrement au Salon des Artistes Français entre 1883 et 1890 ; Il y expose jusqu’en 1903 de nombreux bustes et statuettes. Son corpus se compose de sculptures en bronze, pierre naturelle, plâtre et terre cuite patinée ou polychrome figurant de jeunes femmes élégantes tirées principalement de la littérature de son temps, ou de la mythologie grecque ou orientale. L’artiste produit aussi des objets d’arts décoratifs en argent et métal pour la fabrique allemande Orivit. 
Plus que tout autre langage du domaine des Arts Décoratifs, l’Art Nouveau se révèle être proche de la littérature. La plupart de ses créations plastiques font immédiatement écho aux oeuvres littéraires contemporaines. Les pièces de l’écrivain belge Maurice Maeterlinck constituèrent une grande source d’inspiration pour les artistes de cette période, dont les musiciens. Le compositeur Claude Debussy composa à sa suite l’opéra lyrique Pelléas et Mélisande en 1902 pour l’Opéra-Comique de Paris. La trame narrative est en effet une composante esthétique indispensable au style Art Nouveau, et les récits qu’il illustre font autant référence au monde naturel et végétal qu’à celui qui vit dans l’esprit de l’artiste. L’Art Nouveau est intimement lié à la Poésie. Il développe l’idée que tout l’attirail de la vie quotidienne (composé de chaises, tables, poteries, objets décoratifs et vêtements) peut refléter une exploration poétique. Chaque objet devient poème, se faisant ainsi le miroir de la vie intérieure de son propriétaire.

Au sein de l’univers Bernanosien, la « vie intérieure » renvoie au monde de l’enfance, de l’amour, de la sainteté et de l’honneur, permettant seule à l’homme d’approcher et de retrouver ces états premiers. Si paradoxalement, la civilisation moderne dans laquelle s’inscrit l’Art Nouveau cherche à couper l’accès à l’esprit via la négation de la vie intérieure, toute la magie de l’univers Art Nouveau offre la possibilité aux objets du quotidien d’incarner ce concept d’amour, de beauté, de mélancolie et d’irradier une énergie érotique. Plus que tout autre expression visuelle artistique, dont le Surréalisme est héritier, l’Art Nouveau est né dans un milieu littéraire et poétique qui berça les créations de ses membres. Le cercle culturel formé par les écrivains et les peintres symbolistes qui parvinrent sur le devant de la scène parisienne à partir de 1860 fusionna avec la vision de la génération des jeunes décorateurs dans les années 1890. Des peintres tels Odilon Redon et Paul Gauguin servirent d’organes vitaux entre les poètes et les décorateurs, à l’instar des deux courants phares de la peinture symboliste à l’époque de l’émergence de l’Art Nouveau que furent les Nabis et celui de la Rose-Croix.

Notre buste en terre cuite polychrome figure une jeune femme symboliste au port altier et féerique, au visage délicatement orienté vers la droite et au regard pudiquement contenu. Revêtue d’une tunique bleue de style médiéval, sa longue chevelure ondulée retombe sur ses épaules, retenue au front ceint d’un ruban perlé en son centre.

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Bibliographie & Références :

Paul Arthur, French Art Nouveau Ceramics, An illustrated Dictionary, Norma Éditions, 2022.