Ernest Hébert, Vierge au Chardonnet

Ernest Hébert

(Grenoble, 1817 – La Tronche, 1908)

Vierge au Chasseur, dite aussi La Vierge au Chardonnet

1892

Crayon, rehauts de blanc et de sanguine

290 x 180 mm

Dédicacé au Dr Allard en souvenir de ? et signé Hébert en bas à gauche au crayon

« Les femmes d’Hébert ne sont pas des sirènes, des sphinges, des chimères : ce sont des Béatrice, des Élisabeth, de nobles amoureuses, de malheureuses amantes, figures lyriques, personnages de féérie dont l’histoire tendre et touchante s’impose au contemplateur, comme une énigme sentimentale. » Le Sar Péladan, Ernest Hébert et son temps, 1910.

Issu de la bourgeoisie grenobloise, le jeune Ernest Hébert étudia le droit à Paris en parallèle de cours aux Beaux-Arts auprès du sculpteur David d’Angers (1788-1856), puis auprès du peintre Paul Delaroche (1797-1856). Reçu avocat le 22 février 1839, Hébert obtient la même année le grand prix de Rome de peinture. Arrivé à la Villa Médicis en janvier 1840, il y demeure les cinq années réglementaires et puise ses sujets de prédilection dans la compagne romaine et lors de ses séjours à Naples et Florence. Hébert rentre à Paris en mai 1848 et se concentre sur la peinture de la Mal’aria conservé à Paris au musée d’Orsay. Ce tableau composé en Italie lui vaut son premier grand succès au Salon de 1850. Il est nommé directeur de l’Académie de France à Rome en 1867, fonction qu’il assumera jusqu’en 1890. Le peintre isérois ne rentrera définitivement en France qu’à l’âge de soixante-dix-neuf ans, après trente années passées à la mode italienne. Durant cette période riche en mouvement littéraire et artistiques, l’œuvre d’Hébert en absorbera les résonnances entre l’esprit symboliste qui se développe à Paris, et celui du préraphaélisme tardif qui trouve encore une forte résonnance à Rome. Bien que l’on ne puisse pas entièrement considérer Hébert comme l’un des chefs de file du courant symboliste français, il n’a pas échappé à la tentation religieuse et symboliste ayant infusé sa production fin-de-siècle. Ses muses – musiciennes, figures religieuses et éthérées – sont toutes marquées par une idéalisation poétique propre à ce courant artistique.

Références bibliographiques :

Sylvie Carlier, Dominique Lobstein, L’Exposition Universelle de Paris 1900, L’Auvergne Rhône-Alpes montrée au monde, catalogue d’exposition, musée municipal Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône, 2022-2023., 195 p. Snoeck Éditions.

Laurence Huault-Nesme, Le peintre et ses muses, Ernest Hébert et la fin du siècle, catalogue d’exposition, Musée Hebert, Éditions RMN, 2011.

Ernest Hébert, Vierge au Chasseur

Notre émouvante feuille aux traits évanescents et aux doux rehauts de gouache blanche et de sanguine correspond à la composition peinte intitulée La Vierge au Chardonnet qu’Hébert présenta à l’exposition universelle de 1900, et pour laquelle il obtient le grand prix avec cinq autres toiles. Dans cette dernière, Marie, drapée de bleu foncé et d’un voile couvrant ses cheveux, semble anxieuse face au personnage agenouillé qui tend l’oiseau comme une offrande à l’Enfant Jésus. L’artiste situe son modèle dans un fond qu’il harmonise avec la figure, modulant les valeurs par un jeu de clair sur clair pour les chairs et de sombre sur sombre pour les étoffes, à la manière d’un sfumato italien. Bien que l’on ne puisse considérer non plus Hébert comme un peintre religieux, la figure de la Vierge demeure dans son corpus un sujet de prédilection dont il traita la figure avec une grande singularité sous des traits à la fois orientaux et symbolistes.

1 300 €

Ernest Hébert, La Vierge au Chasseur

Ill.1. Ernest Hébert, Vierge au Chasseur, dite aussi La Vierge au Chardonnet, 1892, huile sur panneau, 61 x 49 cm. Paris, musée d’Orsay, en dépôt au musée Hébert, départemental de l’Isère Inv. MN 77/21