Francis Auburtin, Mer et Foret, les nymphes, encadré

Jean-Francis Auburtin

(Paris, 1866 – Dieppe, 1930)

Les Nymphes, la forêt et la mer

1898

 Chromolithographie

 265 x 367 mm ; oeuvre encadrée 38 x 47 cm

Signée et datée dans l’image en bas à droite

Inscription en marge supérieure ALBUM DE LA DÉCORATION/TROISIÈME VOLUME, PL.33, et en marge inférieure Chromotyp. Bertin et Cie – G. Chaponet, Imp. Titré au centre LA FORÊT ET LA MER, Paysage décoratif par J. FRANCIS-AUBURTIN, A. CALVAS, Éditeur, PARIS. 

Cadre moderne bleu persan, frise dorée, passe de conservation blanc

« La lumière naît, la nature resplendit ; et la pensée humaine endormie s’éveille, s’élève, s’élance, libre, radieuse, immortelle. » François Monod, « Les paysages de M. Francis Auburtin », Art & Décoration, mars 1909, suppl., pp.1-3.

Formé à l’École des Beaux-Arts de Paris de 1888 à 1892, la peinture délicate et bucolique de Jean-Francis Auburtin est profonde et sereine. Décorateur et héritier de la pensée de Puvis de Chavannes, l’artiste expose régulièrement, de 1896 à 1929 à la Société Nationale des Beaux-Arts des oeuvres d’inspiration symboliste que l’on peut admirer de nos jours dans différents musées. Une grande partie de sa production fut consacrée à l’étude du paysage, qu’il soit marin ou forestier. Passionné par la vie, ses paysages en demi-teinte évoquent l’âge d’or d’un paradis perdu. Discret, mystérieux, dans le silence de contours vaporeux, il suggère une mystique imprécise. D’une quiétude tendre, sa ligne pure ondule, se cadre et s’affirme. Sur le conseil de son maître, Gustave Moreau, il assume son authenticité et son indépendance. A travers ses nymphes et ses naïades, il affronte l’éternel combat que se livrent la terre et l’eau, l’esprit et la matière, la nature et le renouveau. Au gré de ses périples, il évoque tour à tour les reflets opalins de la côte d’émeraude ou les rayons dorés de la Méditerranée.

Comme les jeunes de son entourage, Francis Auburtin mesure toute la limite du Capitalisme. Le système basé sur la rentabilité entraîne pour ceux qui ne peuvent suivre, désarroi et instabilité. Les esthètes se dressent contre le Paupérisme, fils du matérialisme triomphant, et stigmatisent avec vigueur les revers odieux de leur époque. Découragés, la plupart renoncent à la bataille et s’évadent dans un monde de rêve.

Nymphes et Mer, Auburtin, Album de la Décoration, 1900, planche 33
détail cadre moderne eau
Forêt et Mer, Auburtin, Album de la Décoration, 1900, planche 33

Stylistiquement, le peintre harmonise les innovations techniques lumineuses et évanescentes des Impressionnistes, aux aplats et cernes moraux, mystiques et philosophiques des Nabis et Symbolistes. De 1888 à 1891, Bing fait paraître sa luxueuse revue, Le Japon Artistique, qui contribue à vulgariser les thèmes et les techniques japonaises. Auburtin est un lecteur attentif : elle figure sans doute en bonne place dans sa bibliothèque. Dans son oeuvre, Auburtin se montre sensible aux sollicitations de l’esthétique japonaise dès 1897-1898. L’oeuvre que nous présentons, reproduite d’après son tableau conservé au Musée d’Orsay (Ill.1), a été publiée dans l’Album de la Décoration dans les années 1900. Les albums de modèles décoratifs ne sont pas une innovation du XIXème siècle. Dès le XVIe siècle en effet, de nombreux artistes diffusent des modèles pour l’orfèvrerie, l’ébénisterie et la ferronnerie. Ces albums de modèles seront également très en vogue au XVIIIe. Au XIXe siècle, ils se multiplient cependant car les arts décoratifs deviennent omniprésents dans la société. Ces recueils de modèles sont édités pour les artistes et les industriels, diffusant à la fois les styles anciens, exotiques ou nouveaux. La composition met en lumière tout ce qu’Auburtin doit aux maîtres de l’estampe et à leurs « images du monde flottant » : les rochers, qui, entre ciel et terre, interrompent la ligne d’horizon, pourraient aussi bien appartenir à la baie de Nagasaki. Une mélodieuse invitation au voyage en compagnie d’un faune, le temps d’un après-midi … 

Francis Auburtin, Les Nymphes, Musée d'Orsay, Paris huile sur toile symboliste

Ill.1. Francis Auburtin, Les Nymphes, la forêt et la mer, entre 1886 et 1924, huile sur toile. H. 153,0 ; L. 162,5 cm. Achat, 1924 © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Tony Querrec

210 €

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Rocher satyre

Bibliographie

Jean Francis Auburtin (1866-1930), Le Symboliste et la mer, Délégation à l’action artistique de la ville de Paris sous la direction de Christian Briend et Béatrice de Andia, préface de Jacques Foucart, Diffusion Hachette, 158 pp, 1990.