JULES MACHARD

(Sampans, 1839- Bellevue, 1900)

Sainte Cécile Ophélique, double étude pour la tête de sainte Cécile

1878
Crayon noir sur papier (recto & verso)
23 x 26,8 cm
Cachet d’atelier en bas à droite ; inscription « Ste Cécile » en bas à droite

Provenance : Galerie Artesepia, Paris.

Cadre Art Nouveau en chêne sculpté à décors végétaux. Montage passe-partout avec filet doré.

 

Prédisposé très jeune au dessin, Jules Machard fréquente l’atelier du peintre bisontin Édouard Baille avant d’entrer en 1861 à l’école des Beaux-Arts de Paris où il intègre l’atelier d’Émile Signol. Prix de Rome en 1865 il acquiert lors de son séjour romain une solide réputation de portraitiste et connaît à son retour en 1874 un fort succès auprès du Paris mondain et proustien de son temps, comme en témoigne un corpus de trois cents portraits. C’est, en 1875, que le marquis de Chennevières lui commande quatre panneaux destinés à l’église Notre-Dame de la Croix afin d’illustrer quatre temps forts christiques : Annonciation, Visitation, Crucifixion et Assomption. En mauvaise santé, l’artiste n’honore que deux panneaux sur quatre, mais l’inspiration religieuse est née : deux ans plus tard, Machard présente au Salon de 1878 L’Inspiration de sainte Cécile (ill. 1)

Ill. 1 : Jules Machard, L’Inspiration de sainte Cécile, c.1878, huile sur toile, 40 x 24 cm, Le Mans, musée de Tessé.

A l’instar de l’iconique Ophélie, héroïne shakespearienne magnifiée sous le pinceau du peintre préraphaélite John Everett Millais, la figure de sainte Cécile incarne chez Jules Machard la puissance du sentiment ainsi que l’incandescence de la dévotion amoureuse. Sainte Cécile et Ophélie sont ici représentées oniriquement entourées respectivement de plumes et de fleurs au paroxysme de leur existence.

Ill. 2. John Everett Millais (Southampton 1829- Kensington 1896), Ophélia, 1851-1852, huile sur toile, 76 x 111 cm, Tate Britain, Londres.

Verso de la feuille

Si la touche et le vibrant colorito vénitien rendent hommage au Titien, l’artiste parvient à conjuguer une douceur et une tendresse toute corrégienne. De l’obscurité dont jaillit le lumineux soutien divin, éclot une moelleuse nuée séraphique. L’œuvre tant et si bien reçue lui vaudra la Légion d’Honneur et son acquisition par M. Morton, ministre des États-Unis. Notre dessin, esquisse préparatoire à la tête de sainte Cécile, se révèle être chargé de toute la puissance du ravissement mystique : aile duveteuse sur laquelle repose sa tête gracieusement rejetée en arrière, yeux aux cieux et lèvres délicatement entrouvertes témoignent de la capacité de l’artiste à transcrire la mélodie de l’Esprit matinée de belles notes préraphaélites. Martyre romaine (200 ap. J.C), Cécile est issue d’une famille patricienne. Selon La Légende Dorée de Jacques de Voragine, la jeune fille voua sa vie à Dieu et fit vœu de virginité. Condamnée avec son mari Valérien sous la Rome antique après avoir évangélisé sur le mont Palatin, la courageuse jeune fille fut accompagnée par le chant céleste des anges durant son martyre. Elle est la sainte patronne des musiciens.

VENDU

Bibliographie :

Coulon, E. Frelin, V. (2003) Jules Machard, le culte de la ligne. Catalogue d’exposition (4 avril – 15 juin 2003) Dole, Musée des Beaux-Arts.

Debra N. Mancoff, The Pre-Raphaelite Language of Flowers, Prestel editions, 2002.