Armand Rassenfosse, La Folie lettrée, Ex Libris Catalini, 1900

Armand Rassenfosse

(Liège, 1862 – 1934)

La Folie Lettrée

Ex-libris de G. Catalini I

1924

Pointe sèche réhaussée en brun, sucre

73 x 55 mm

Belle épreuve sur vergé, Rouir 1040

Inscrit en haut à droite Ex libris, en bas au centre G.Catalini,

Monogramme encadré et daté 1924 en bas, à droite

Cadre Jugendstil en bois brun, ornements en métal ciselé, montage de conservation terre de sienne, verre anti-reflet

Né à Liège dans un vieux quartier commerçant de la vie, les parents du jeune Armand y tiennent un commerce d’objets d’arts. Son père, homme attentif, ajustait ses collections en fonction de sa clientèle. C’est donc au sein d’une atmosphère de négoce et de curiosités que se déroule l’enfance de l’artiste. Très vite, il se met à dessiner, par instinct, sans méthode ni direction, ce qu’il observe autour de lui. Les trésors accumulés dans la boutique paternelle sont à la source de son éducation artistique qu’il fera seul. Le monde des antiquaires, l’atmosphère des ventes publiques et de la brocante lui deviennent très tôt familiers. Il trouve au même moment, chez un bouquiniste, un vieux manuel de gravure et commence la pratique de l’estampe avec des outils rudimentaires : la pointe y est remplacée par un gros clou, et la presse improvisée par un rouleau de pâtisserie. Avec l’aide de l’ami Adrien de Witte, il se familiarise directement avec l’art de la pointe sèche, qui se révèle être la plus proche du dessin. Très tôt attiré par les arts graphiques, Rassenfosse oriente aussi sa curiosité vers les lettres qui affirment son style. Abonné à La Jeune Belgique, ses connaissances littéraires sont solides. Collectionnant les gravures de son ainé Félicien Rops qu’il admire, leur rencontre a lieu lors d’un voyage d’affaires à Paris en 1888. C’est un coup de foudre artistique et amical à l’origine d’expérimentations techniques communes, donnant naissance à un nouveau procédé de gravure : le vernis ropsenfosse. Rops l’introduit également au sein du foyer de renouveau intellectuel et artistique parisien où il rencontre écrivains, poètes, artistes romantiques, parnassiens et symbolistes qui lui permettent de prendre son plein envol artistique.

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Cadre Jugenstil, Ex Libris Rassenfosse

Notre ex-libris, destiné au commanditaire Catalini, représente une folie nue, assise sur un coussin posé sur une pile de livres, les jambes repliées sous les cuisses, lisant.

Depuis la première moitié du XIXe siècle, la mode de l’ex-libris s’est développée. En Belgique, celle-ci correspond à une renaissance de la littérature mais aussi à une évolution des techniques de reproduction moderne. L’ex-libris est devenu plus accessible à l’amateur, car moins onéreux. Ayant développé sa notoriété depuis sa participation au Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles, en 1896, amateurs et bibliophiles commandent à Rassenfosse des ex-libris. Celui-ci parvient, tout comme son père, à cerner la personnalité de chaque commanditaire. Limité par la place, Rassenfosse l’est aussi par les moyens : en quelques lignes, il doit exprimer une idée, évoquer une personnalité, créer un climat, souvent sous les traits de jeunes femmes nues parées d’attributs symboliques. Cette forme d’art réclame donc habileté, élégance et maîtrise du dessin. Rassenfosse l’a très bien compris et notre ex-libris en est une preuve manifeste. Sa production s’échelonnera tout au long de sa carrière et ne comportera pas moins de 102 modèles différents.

Détail cadre Jugenstil, Ex libris

Vendu 

Armand Rassenfosse, La Folie lettrée, Ex Libris Catalini, 1900 détail

Bibliographie

Nadine de Rassenfosse-Glissen, Rassenfosse : peintre, graveur, dessinateur et affichiste, Éditions du Perron, 1989.

Eugène Rouir, Armand Rassenfosse, Catalogue Raisonné de l’œuvre gravé, Éditions Van Loock, Bruxelles, 1984.