Gastine, La Nativité, calque d'après Schongauer

Camille-Auguste Gastine, d’après Martin Schongauer

(Paris 1819 -1867) – (Colmar, vers 1445 – Vieux -Brisach 1491)

La Nativité

vers 1840

Mine de plomb sur papier calque 

 235 x 160 mm

Cachet de l’atelier de l’artiste CAG en bas à gauche, petits manques aux coins inférieurs

Montage en portefeuille de conservation rigide blanc

Brillant dessinateur, Camille-Auguste Gastine bénéficie de l’influence ingresque diffuse au sein du milieu artistique parisien au XIXème siècle. Élève du peintre historiciste Paul Delaroche aux Beaux-Arts, il participe à de nombreux chantiers de décorations murales. En 1856, il collabore au décor de l’abbaye de Saint-Germain des-Près aux côtés d’Hippolyte Flandrin puis au décor de la chapelle Saint-Joseph de la Cathédrale Saint-André de Bordeaux avec Sébastien Cornu ainsi que de la Chapelle du château de Broglie avec Savinien Petit. L’artiste dessine ici sur calque une série de gravures d’après les maîtres de la Renaissance nordique (Martin Schongauer (1448-1497), Albrecht Dürer (1471-1528), Hans Bandung Grien (1484-1545), Albrecht Altdorfer (1430-1538), Lucas de Leyde (vers 1494-1533). Il s’en inspire afin de stimuler sa créativité, parfaire son art et la fluidité de ses compositions ; Notre feuille en est l’exemple même. 

« Il croyait que la nature était éternelle, renaissant à elle-même sans cesse pour reproduire la même forme, mais que l’artiste devait en saisir les contrastes et les harmonies pour en composer à l’infini de nouvelles combinaisons, de nouvelles expressions du sentiment et de l’intelligence. Sa conviction était qu’entre l’Assomption de Raphaël et celle de Murillo, il y avait toujours place pour de nouvelles créations sur le même sujet et par les mêmes moyens de la forme, de la couleur et du sentiment.»1

Détail, La Nativité

Notes

  1. G., Notice sur Gastine (Camille-Auguste), artiste peintre mort le 3 avril 1867, Paris, 1867.
Nativite, Schongauer, gravure

Ill.1. Martin Schongauer, La Nativité, vers 1470-75, gravure au burin sur cuivre, encre sur papier filigrané, 170 x 258 mm, Musée Unterlinden, Colmar, inv. 89.6.1.

Également orfèvre, celui qu’Albrecht Dürer considérait comme son maître est avant tout connu pour son activité de graveur ; On compte 116 œuvres gravées différentes, toutes signées. Il est le premier monogrammiste dont l’identité soit connue : sur toutes ses gravures figure son monogramme M+S.  Son œuvre gravée est essentiellement constituée de sujets religieux tirés du Nouveau Testament : l’Enfance du Christ, sa Passion, la Vie de la Vierge. Ses autres sujets religieux sont consacrés à des figures d’apôtres, de saints, de saintes et à des médaillons illustrant les symboles des Évangélistes … L’art du « Beau Martin » conjugue avec une grande finesse la douceur des peintres du Rhin supérieur avec le naturalisme saisissant des primitifs flamands. La diffusion de ses gravures en Europe laissa une empreinte éclatante sur la Renaissance nordique.

Dans notre gravure (Ill.1), Schongauer emploie la technique narrative médiévale dit du « récit continu » : dans une même image sont évoquées la Nativité, l’Annonce et l’Adoration des Bergers. L’artiste substitue l’iconographique de la nativité biblique de la mangeoire au profit d’un édifice gothique en ruine. En fin observateur de la nature, le graveur colmarien parsème son œuvre de détails végétaux : les vignes grimpantes le long du mur, la ruine, les plantes croissant au premier plan parmi les pierres et les herbes folles poussant dans les crevasses. Tandis que la Vierge, mélancolique et d’une beauté aux traits idéaux, regarde le petit Jésus avec adoration, Joseph n’a d’yeux que pour Marie. Il tient une lanterne au-dessus de lui afin de souligner le caractère nocturne de la Nativité. Dans le coin supérieur droit de l’estampe, trois anges volent au-dessus de la voute afin de célébrer célestement avec allégresse cet heureux évènement terrestre.

Gastine, La Nativité, Schongauer

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Bibliographie

Le Beau Martin. « Gravures et dessins de Martin Schongauer (vers 1450-1491) », Colmar, musée d’Unterlinden, 1991, n° G 6 , FRAM Alsace, Fonds Régional d’Acquisition pour les Musées 1981-1991, Ministère de l’Education nationale et de la Culture (DRAC Alsace)