Jésus et les petits enfant

Georges-Antoine ROCHEGROSSE

(Versailles, 1859 – Algérie, 1938)

Jésus et les petits enfants

1936

Huile sur carton

22 x 27 cm

Signée, datée et dédicacée en bas à droite

Cachet d’atelier d’artiste au dos

Cadre en bois sculpté XXème à décor de feuilles de vignes

Peintre Pompier ? Georges-Antoine Rochegrosse fut surtout l’un des peintres d’histoire les plus célèbres de la Troisième République. Passionné par les civilisations anciennes depuis sa plus tendre enfance, le jeune artiste se donne pour mission de leur redonner vie et sens par le biais de son pinceau. Rochegrosse entre à l‘académie Julian dès sa douzième année, fait sans précédent. Fondée quatre ans auparavant, cette académie privée permettait aux artistes de travailler librement et de faire corriger leurs travaux par des maîtres réputés. Il est inscrit, de 1871 à 1885, dans l’atelier de deux anciens prix de Rome : Jules Lefebvre – dont la Vérité (Paris, musée d’Orsay) avait fait sensation au Salon de 1870 – et Gustave Boulanger. En janvier 1877, Rochegrosse est inscrit dans l’atelier d‘Alexandre Cabanel (1823-1889). Prix de Rome en 1880, il s’impose par la suite rapidement sur la scène artistique et signe une peinture spectaculaire, aussi violente que sanglante et d’un naturalisme cru. Le public se masse alors devant les « toiles à effets » qu’il expose à Paris, à Munich, à Vienne ou à New York. Les institutions publiques françaises achètent assez régulièrement ses œuvres les plus ambitieuses, lui confient de grands décors. Une clientèle privée lui passe de nombreuses commandes tandis que les aquarelles qu’il réalise pour l’illustration de chefs-d’œuvre de la littérature française s’arrachent à des prix importants. Beau-fils du poète Théodore Banville (1823-1891), Rochegrosse entretiendra en effet des relations privilégiées avec nombre de gens de plume et de théâtre, liens dont peu de ses homologues peuvent assurément se prévaloir. Rochegrosse s’entretenait d’autant plus volontiers avec les hommes de lettres qu’il est souvent décrit comme un grand lecteur, s’intéressant au Symbolisme comme à Friedrich Nietzsche (1841-1900) ou au dramaturge norvégien Henrik Ibsen (1828-1906). Le peintre fut un lecteur avisé et un érudit, comme tend à le confirmer sa souscription pour le Latin mystique de Remy de Gourmont (1858-1915). Il feuillette également les poètes de l’antiphonaire et s’intéresse à la symbolique au Moyen Âge comme et s’attache à l’histoire des religions et à l’ésotérisme, autant d’engouements d’époque, communs à nombre de ceux qui gravitent dans la nébuleuse symboliste.

Rochegrosse - Jésus

Attiré par l’aventure orientale, Rochegrosse s’envole pour l’Algérie en avril 1894. Dès lors, il organise sa vie entre son atelier de la rue Chaptal et sa villégiature conjugale d’El-Biar. Grand coloriste, à l’instar de son monumental Chevalier aux Fleurs, (musée d’Orsay) notre huile, bien qu’aux dimensions réduites, en témoigne avec autant de force et de vitalité. Datée d’une année avant son second mariage à l’âge de 78 ans avec Antoinette Dorothée Arnau célébré à Neuilly sur Seine, notre œuvre, peinte deux ans avant sa mort à son domicile algérien, notre oeuvre peut être préparatoire à l’illustration des Évangiles selon saint Mathieu. Elle illustre le verset 19:14 « Et Jésus dit: Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. » Flamboyante, émouvante et lumineuse, cette huile sur carton contient tout l’art testamentaire de Rochegrosse : de son amour pour le théâtre et les costumes à celui des couleurs solaires de l’orient.

VENDU

Rochegrosse - Jésus

Références bibliographiques

Laurent HoussaisGeorges-Antoine Rochegrosse, Les fastes de la décadences, Éditions Mare et Martin Arts, 2013.