Félicien Rops, A Coeur Perdu, héliogravure en couleur, symbolisme belge

Félicien Rops

(Namur, 1833 – Essonne, 1898)

A Coeur Perdu

1888

Héliogravure en couleur retouchée au vernis mou

323 x 195 mm ; marges 345 x 270 mm

Rouir 717, 1/5, premier état sur cinq avant l’ajout de la banderole ERITIS SIMILES DEO

Signé dans la planche en bas à droite F.Rops

Cadre XXème en bois doré, Paris 1905, G.Pellet. Œuvre encadrée : 58 x 45 cm

“Vertueux ne puis, hypocrite ne daigne, Rops suis.” F.R à Émilie Leclercq

Né à Namur au sein d’une famille de bourgeois industriels, le jeune Félicien commence sa scolarité au Collège des Jésuites. Sa première formation artistique débute à l’âge de 16 ans à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville. En 1851, il devient membre de la Société des Joyeux et dessine Le Diable au Salon, poursuivant ses études à l’Université libre de Bruxelles. En 1853, il fréquente l’atelier libre de Saint-Luc, puis l’artiste parisien Félix Bracquemond auprès duquel il perfectionne sa technique gravée. C’est au printemps 1864, par l’intermédiaire de l’éditeur Auguste Poulet-Malassis, qu’advient la rencontre avec son alter ego poétique : Charles Baudelaire. Partageant la même vision damnée et déchue de la femme, Rops illustre et publie deux ans plus tard le Frontispice des Épaves. En 1875, l’artiste s’installe définitivement à Paris et devient l’illustrateur le plus riche de la capitale, collaborant avec la fine fleur littéraire de son temps tels Mallarmé et Barbey d’Aurevilly. Parvenu au sommet de son art, il produit en 1878 deux œuvres majeures : La Tentation de saint Antoine et Pornocratès. En 1884, il rencontre Auguste Rodin, illustre Le Vice suprême de Joséphin Péladan et expose au premier Salon des XX, avant d’intégrer le groupe en 1886. Deux ans plus tard, Rops travaille en collaboration avec le graveur liégeois Armand Rassenfosse pour la conception d’un vernis mou transparent : le Ropsenfosse. Décoré de la Légion d’honneur en 1889, La Libre Esthétique organise une rétrospective de son œuvre en 1899.

Félicien Rops, A Coeur Perdu, héliogravure en couleur, symbolisme belge

Au cœur de l’oeuvre de Rops, la femme et la sexualité sont souvent associées aux notions de déchéance et de mort. Toutes ces œuvres, qui ne seront pas exposées du vivant de l’artiste, mais vendues à des amateurs choisis, célèbrent cependant l’origine de la vie et montrent le grand respect qu’avait l’artiste pour l’énergie de vie, s’exprimant par la sexualité. Il aborde les sujets sexuels et érotiques sans détour en prenant le contrepied du nu académique de l’époque ou de la représentation allégorique du sexe. « Les choses de la nature ne sont pas sales » écrit l’artiste en marge d’une gravure. Dans sa dernière série, Les Sataniques (1882), Rops subit l’influence de l’esprit décadent de la fin du 19e siècle. Des jambes de notre Ève déchue à la longue chevelure rousse, se glisse la tête d’un serpent dont le corps sinueux s’enroule autour de sa nudité jusqu’à son sein. L’artiste y symbolise la femme entièrement soumise à ses propres pulsions, privée du contrôle de son corps et de ses émotions : prête à s’offrir au diable.

1 100 €

Rops, Le Péché mortel