
Joseph RULOT
(Liège, 1853 – Herstal, 1919)
La Légende
Dessin préparatoire pour la figure de la Légende (reprise de Judith) pour le monument à Nicolas Defrêcheux
vers 1890
Fusain sur papier
425 x 235 mn
Annoté dans le coin droit de la marge inférieure « Étude pour Judith »
Cadre Art Nouveau belge en bois et dinanderie à motifs de feuilles et de baies
Fervent wallon, artiste liégeois et sculpteur du sentiment, Joseph Rulot n’en reste pas moins peu connu en Belgique. Avec une production dont les grands projets n’ont jamais pu être aboutis ou ont été détruits, notre feuille constitue un précieux témoignage permettant d’approcher l’ambition créatrice de ce sculpteur atypique, entre Symbolisme et Idéalisme. Pour apporter au dessin une dimension intemporelle et onirique, l’artiste privilégie l’usage du fusain, médium susceptible de rendre un flou presque esquissé, entre ombre et lumière. Accentué par des lignes et des formes simples qui n’insistent pas sur le détail, ce modelé n’est pas sans rappeler le non finito de ses bozzetti. Rulot exprime dans ses oeuvres un rejet d’une réalité tangible laissant place à la dimension spirituelle de l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus essentielle. Si l’artiste tend à explorer les méandres de l’imagination, il n’en est pas moins profondément rattaché à sa terre natale la Wallonie. Le Monument Defrêcheux en est le parfait exemple. Ensemble commémoratif à la mémoire du poète wallon, ce second grand projet de Rulot contribue à faire la renommée de l’artiste mais lui valut aussi de nombreuses critiques. De 1895 jusqu’à sa mort, ce projet ne cesse de le hanter, voulant en faire son œuvre d’Art totale.


Deux versions de la maquette sont connues. La première ne subsiste plus qu’à l’état de photographies et de témoignages écrits quant à la deuxième c’est la maquette finale qui devait servir pour ériger le monument en grandeur nature. Rulot pense son projet comme devant se trouver près d’un point d’eau entouré de verdure comme une fontaine monumentale. Trois figures féminines y incarnent le génie wallon et se démarquent de l’ensemble du pilier central n’étant pas directement reliées à l’œuvre du poète : La Légende – La Fantaisie et La Naïveté. La Légende, enveloppée dans un long drapé, porte la main à son front dans un moment de réflexion. Elle incarne les légendes transmises oralement, la mère des souvenirs, l’aïeule éternellement jeune répétant sans cesse les histoires des temps mémoriaux.

J. RULOT, La légende – figure du monument à Nicolas Defrecheux, 1895, Statuette esquisse, terre crue, 40,5 x 16 x 17 cm, Musée des BA Royaux de Belgique – Inv. 11470
1 500 €
Bibliographie :
- Alicia VANDEVILLE Joseph Louis Rulot (1853-1919), sculpteur du sentiment – Mémoire de master présenté sous la direction de Julie Bawin Volume I, Université de Liège, Faculté de Philosophie et Lettres Département des sciences historiques Histoire de l’art et archéologie, 2019-2020.