
Joseph RULOT
(Liège, 1853 – Herstal, 1919)
Le Roi Lear
Dessin préparatoire pour l’illustration du Roi Lear
Fusain sur papier
420 x 270 mm
Signé et annoté en marge inférieure « En mon admiration du St Dalon et en souvenir d’une solide amitié // J. Rulot »
Fervent wallon, artiste liégeois et sculpteur du sentiment, Joseph Rulot n’en reste pas moins peu connu en Belgique. Avec une production dont les grands projets n’ont jamais pu être aboutis ou ont été détruits, notre feuille constitue un précieux témoignage permettant d’approcher l’ambition créatrice de ce sculpteur atypique, entre Symbolisme et Idéalisme. Pour apporter à ses dessins une dimension intemporelle et onirique, l’artiste privilégie l’usage du fusain, médium susceptible de rendre un flou presque esquissé, entre ombre et lumière. Accentué par des lignes et des formes simples qui n’insistent pas sur le détail, ce modelé n’est pas sans rappeler le non finito de ses bozzetti. Rulot exprime dans ses oeuvres un rejet d’une réalité tangible laissant place à la dimension spirituelle de l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus essentielle. La littérature tient une place importante dans la vie de l’artiste. Il est depuis son plus jeune âge un avide lecteur. Les grands récits de l’humanité lui fournissent, à l’instar de Gustave Doré, une source d’inspiration inépuisable. Rulot ne se contente pas simplement d’être lecteur mais participe à l’élaboration d’ouvrages contemporains en les illustrant.



Personnage issu de la pièce de théâtre éponyme de William Shakespeare, le drame raconte les malheurs du roi Lear face aux complots de ses deux aînées et de leur époux pour le pouvoir. La plus jeune, Cordelia, est la seule à ne pas prendre part aux querelles. La pièce se termine avec l’exécution de la jeune fille. Alors que Cordelia et son père sont emprisonnés par le camp adverse, un prétendant au trône ordonne l’exécution de la jeune femme. Le roi réussit à survivre à son bourreau, mais ce n’est pas le cas de Cordelia. Le père endeuillé porte à la vue de tous, le corps sans vie de sa fille. C’est précisément cette scène finale qui pourrait nous éclairer quant au sujet d’une petite sculpture et de son équivalent en dessin. Un vieillard porte un corps enveloppé dans un linceul. Le poids du corps pèse sur le vieil homme, son visage est accablé de tristesse.
VENDU
Bibliographie :
- Alicia VANDEVILLE Joseph Louis Rulot (1853-1919), sculpteur du sentiment – Mémoire de master présenté sous la direction de Julie Bawin Volume I, Université de Liège, Faculté de Philosophie et Lettres Département des sciences historiques Histoire de l’art et archéologie, 2019-2020.