maria casarès, serge ivanoff

Serge IVANOFF

Sergeï Petrovitch IVANOFF

(Moscou, 1893 – Paris, 1983)

Portrait de Maria Casarès (1922-1996) dans le rôle de Deïrdre des Douleurs

1942

Aquarelle sur carton sur traits de crayon noir avec rehaut de gouache or

300 x 450 mm

Signée, datée, située et titrée au crayon noir

Né à Moscou d’un père confiseur et industriel dans le domaine de la farine héritier de la maison Filippov. En 1909, Piotr Alekseevich Ivanoff achète le café Bristol à Saint-Pétersbourg, et la famille s’installe dans l’ancienne capitale. Sergueï commence à suivre des cours à la faculté des sciences naturelles de l’université de Saint-Pétersbourg, tout en s’adonnant à son occupation favorite : le dessin et l’aquarelle. Pendant la Première Guerre mondiale, de 1914 à 1917, il sert dans un régiment d’artillerie près de Riga et est promu officier. Il est blessé et rencontre sa future femme à l’hôpital. Dès son retour, il décide de se lancer dans la peinture de manière professionnelle. C’est à cette époque que débute son amitié avec la famille d’Alexandre Benois (1870-1960), et le jeune Ivanov bénéficie des précieux conseils du célèbre artiste. En 1918, Sergei entre aux Studios libres d’art et de formation de Petrograd et dans l’atelier de gravure. À partir de 1920, il étudie dans l’atelier de peinture sous la direction d’Ossip Braz (1873-1936). En 1922, il termine ses études. Parmi les premiers diplômés, il se distingue en présentant comme travail de diplôme une grande toile Sorcières avec de nombreuses esquisses et études picturales. Après avoir obtenu son diplôme, il gagne sa vie en peignant des affiches. Pendant l’été, il effectue un voyage dans la région de la Volga, qui donne lieu à 300 dessins de terrain. Ils serviront à illustrer son livre La Famine en Russie Bolchevique (Paris, 1924). Le traumatisme que lui laisse ce reportage, l’incitent à s’expatrier avec sa femme Tamara et ses filles Galina et Marianna. Au cours de l’hiver 1922, Sergueï Ivanov traverse le golfe de Finlande pour se rendre chez Illya Répine (1844-1930) à Penaty, où il avait déjà séjourné. Répine l’envoie à Helsinki, d’où, trois mois plus tard, l’artiste se rend à Paris. Après s’être installé en Europe, il est contraint pendant plusieurs années de gagner sa vie en dessinant des illustrations pour des livres, en réalisant des affiches et des posters publicitaires, tout en poursuivant sa recherche créative pour s’établir en tant qu’artiste au sein de la vie parisienne enjouée et bohème. À partir de 1928, il expose dans les salons : Tuileries, Salon d’automne, Société nationale des Beaux-Arts. En 1930-1944, il collabore au magazine parisien France Illustration, grâce auquel il voyage beaucoup. Il visite l’Italie, le Danemark, la Hollande, la Belgique, le Brésil. Il réalise des reportages artistiques de portraits ultra réalistes de personnalités importantes, notamment les plus hauts représentants du clergé : en 1937, il réalise le Portrait du pape Pie XI dans le style des classiques romains. Lorsqu’il voyage, il s’immerge dans les plus grands musées du monde, copiant les œuvres des maîtres de la Renaissance italienne et nordique : Andrea Mantegna, Hans Holbein, Dürer et d’autres. L’artiste intègre ensuite dans les milieux de la Haute-Couture et de la presse de mode :  il travaille pour le Harper’s Bazaar etréalise des dessins pour les maisons Rochas, Paquin, Schiaparelli et Jean Patou. Entre 1941 et 1943, lors d’expositions au Palais de Tokyo, il présente des portraits de grands danseurs, de ballerines célèbres, des dessins et des peintures. En 1942, Serge Ivanov devient membre de l’Association des Artistes Indépendants. Au cours de ces années, il compte parmi ses amis proches Émile Bernard (1868-1941), Mikhaïl Larionov (1881-1964) et Natalia Gontcharova (1881-1962), et d’autres représentants de l’intelligentsia russe. Il réalise davantage de portraits de figures mondaines de la culture et de l’art et devient un portraitiste connu et recherché. En 1942, la galerie parisienne La Chaussée d’Antin lui consacre une exposition personnelle. Deux autres expositions monographiques de l’artiste sont organisées à Rio de Janeiro en 1947 et à Buenos Aires en 1948. La figure féminine constitue un thème de prédilection dans l’oeuvre de Serge Ivanoff : portraits, nus et tableaux de genre d’intérieur de chambres ou d’ateliers. En 1950, il s’installe aux États-Unis où il reçoit la nationalité américaine. Il réalise des expositions personnelles à San Francisco en 1951 et 1954 et à Stanford en 1954. Il réalise également une série d’œuvres sur des sujets mythologiques et mystiques, ainsi que de nombreuses natures mortes. Dix ans plus tard, il retourne en France. En 1966, il reçoit la médaille d’or du Salon des Indépendants qui lui est remis personnellement par le ministre français de la culture, André Malraux. Décédé le pinceau à la main dans son atelier parisien en février 1983 il est enterré au cimetière des Batignolles. En 1988, lors d’une vente aux enchères à l’hôtel Drouot, plusieurs de ses œuvres ont été acquises par le musée Carnavalet. En 2023, plusieurs tableaux sont entrés dans les collections moscovites de la Galerie Tretiakov.

Maria Casarès, Serge IVANOFF

Maria Casarès est l’une des plus grandes comédiennes de théâtre de la seconde moitié du XXIe siècle. D’origine espagnole, María Victoria Casares Pérez arrive à l’âge de 14 ans en France avec sa famille fuyant la guerre d’Espagne. Ayant déjà pratiqué le théâtre dans sa jeunesse en Espagne, la jeune femme trouvera en France sa véritable vocation. Elle apprend le français, lutte contre son accent et réussit le concours d’entrée au Conservatoire National de Musique et d’Art Dramatique de Paris, où elle se forme auprès de Béatrix Dussan. Rapidement, elle va se révéler une des jeunes artistes les plus prometteuses de sa génération. Elle tourne plusieurs films, dont certains sont aujourd’hui des classiques du cinéma tels Les Enfants du paradis de Marcel Carné, Les Dames du bois de Boulogne de Robert Bresson, Orphée de Jean Cocteau. Cependant, elle décide de se consacrer pleinement au théâtre préférant la liberté des planches au carcan de la caméra. Maria Casarès commence sa carrière théâtrale en 1942 aux côtés de Marcel Herrand au Théâtre des Mathurins à Paris, où elle interprète le rôle féérico-tragique de Deirdre des Douleurs. Pièce écrite par le dramaturge irlandais John Millington Synge (1871-1909), la pièce Deirdre, dont le prénom signifie douleur est une jeune fille à la beauté fatale de la mythologie celtique irlandaise. Composée de trois actes rendant un hymne à la jeunesse éternelle, à l’importance du choix et à l’amour exalté par la mort de jeunes amants dans un contexte de princes et de rois, de fidélités et de trahisons, Deirdre des douleurs est une expression lyrique celtique de la beauté tragique et de la fatalité existentielle. Dans la lignée de Roméo et Juliette et de Tristan et Iseut, le talent et la grâce de Maria Casarès ressuscita Deirdre. Notre aquarelle réalisée par le peintre russe l’année même des premiers pas de la jeune comédienne espagnole l’immortalise dans une élégante toge blanche nouée à la taille d’une ceinture d’or et couronnée de funestes lauriers, s’appuyant avec mélancolie sur l’un des murs de la scène.

3 000 €