Lorenzo Monaco, Le Banquet d'Hérode

Entourage d’Eugène Emmanuel Amaury-Duval

(Montrouge, 1808 – Paris, 1885)

D’après Lorenzo Monaco

(Florence, 1424)

Violoniste

détail du Banquet d’Hérode, Hérodiade et Salomé

circa 1830

Crayon noir sur papier mince

 Feuille 205 x 130 mm ; Avec le cadre 25,3 x 18,1 cm

Initiales inscrites au crayon noir en bas à droite G.G

Cadre anciene en bois doré, montage en portfolio de conservation olive et or

C’est à la suite de sa prise d’habit religieuse que Piero di Giovanni devient Lorenzo Monaco, c’est-à-dire Laurent le moine. L’artiste florentin travaille d’abord dans le scriptorium du monastère comme miniaturiste. Il se forme ensuite à la peinture sur bois. Le style de Lorenzo Monaco se situe à mi-chemin entre le courant giottesque et le style gothique international. La luminosité est un trait essentiel de ses grands retables. Il l’obtient par une profusion de dorures, de couleurs vives et emploit richement le lapis-lazuli. On retrouve le maniérisme dont font preuve les peintres du gothique tardif dans l’élongation des figures et leur expressivité physique, ainsi que dans les lignes sinueuses des étoffes. Il exerce une influence considérable sur les premiers artistes de la Première Renaissance italienne, tels Masaccio et Fra Angelico qui comptent parmi ses élèves. Son oeuvre symbolise toute la peinture du Moyen Âge, qui avait pour but de valoriser la religion chrétienne auprès d’une population analphabète, même dans la noblesse. Grâce aux artistes, le religieux devient lumineux, éclatant de beauté, en bref, sublime aux yeux de tous ceux qui peuvent accéder aux chefs-d’œuvre des églises. Extrait de l’Évangile selon saint Matthieu (14, 3-12), le tableau de Lorenzo Monaco1 se lit comme un récit, depuis la décollation de Jean-Baptiste dans sa prison à gauche jusqu’à sa tête apportée par un valet à Hérode au centre, puis par Salomé, à Hérodiade à droite. Les trois temps du récit sont matérialisés par les trois espaces architecturaux ; De la prison rose à gauche à la salle du banquet au centre en passant par la chambre d’Hérodiade à droite. Chacun de ces espaces dispose de sa propre perspective et de son point de fuite, épousant ainsi le mouvement oculaire du fidèle observant l’image, depuis la gauche, où il découvre le corps décapité de Jean-Baptiste, jusqu’à la droite, où Hérodiade reçoit la tête de saint Jean-Baptiste remise par sa fille Salomé après sa danse envoûtante devant Hérode lors de son banquet.

Le Banquet d'Hérode, Hérodiade et Salomé
Violoniste, Lorenzo Monaco, avec cadre
Le Banquet d'Hérode, Hérodiade et Salomé

Ill.1. Lorenzo MonacoLe Banquet d’Hérode, Hérodiade et Salomé , circa 1375 -1425, 33,8 cm x 67,7 cm, fond d’or sur bois de peuplier, Musée du Louvre.

 

Sans doute copié à posteriori dans les salles du Musée du Louvre, notre fine étude au trait arachnéen, reprise du violoniste peint à la gauche du panneau italien, est sans aucun doute à relier au style ingresque ainsi qu’à rapprocher plus particulièrement de l’œuvre d’Amaury-Duval. Comptant parmi l’un des premiers élèves de Jean-Auguste-Dominique Ingres, il étudie avec ravissement, entre 1834 et 1836, l’art de la Renaissance Italienne lors d’un voyage artistique à Florence. C’est après son retour en France qu’il participe de 1840 à 1846 aux commandes de décorations d’églises parisiennes sous le Second Empire, menées dans la chapelle Sainte Philomène à l’église Saint-Merry puis dans la chapelle de la Vierge à Saint-Germain-l’Auxerrois. Ses œuvres gracieuses et raffinées aux célestes tonalités sont incontestablement pétries par l’influence et l’étude des primitifs Italiens. Nous pouvons rapprocher notre étude de celle d’un dessin, également au crayon, représentant un Ange portant un gobelet et des pinceaux2, préparatoire au Songe de Fra Angelico3 passée en vente récemment.

Musicien, Lacuria, d'après Lorenzo Monaco

565 €

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Notes

1. Le Banquet d’Hérode, Hérodiade et Salomé, circa 1375 /1425, 33,8 cm x 67,7 cm, fond d’or sur bois de peuplier, Musée du Louvre, Département des Peintures, Inv.290A.

2. Lot n°6, Vente Millon du 24 novembre 2021, Art Moderne, Les Salons du Trocadéro, Ange portant un gobelet et des pinceaux, Crayon, 44,4 x 29,5 cm, provenance : Collection Edmond Geffroy.

3. Lot n°7, idem, Le Songe du Peintre, huile sur toile, 164,5 x 123 cm.

Amaury Duval, Ange Fra Angelico

Ill.2. Eugène-Emmanuel Amaury-Duval, Ange portant un gobelet et des pinceaux, crayon noir, 44,4 x 29,5 cm, provenance : Collection Edmond Geffroy, marché de l’art. 

 

Bibliographie

Amaury-Duval (1808-1885), L’homme et l’œuvre, thèse soutenue par Véronique Noël-Bouton-Rollet, réalisée sous la direction de M. le Professeur Bruno Foucart, 2005-2006, décrit et reproduit page 257, n°119 a. “Les dessins préparatoires à cette composition mettent en évidence les qualités de dessinateur d’Amaury-Duval. Les figures dépouillées de tout ornement sont encore plus nazaréennes que dans la version peinte.”

Tartuferi Angelo, Daniela Parenti, Lorenzo Monaco: A Bridge from Giotto’s Heritage to the Renaissance, Cataloghi Galleria dell’Accademia Firenze, Firenze musei, Edition Giunti, 2006, 335 p.