Yvonne Tronquet
Bordeaux, 1888 – Talence, 1982
Jeune femme à profil perdu
vers 1910
Pastel sur carton
50 x 39 cm
Signé Y. Tronquet en bas à droite
Cadre en bois blanc cérusé et rehauts de métal, de style Jugendstil
« Le pastel a une fleur, un velouté, comme une liberté de délicatesse et une grâce mourante que ni l’aquarelle, ni l’huile ne pourraient atteindre. » Joris-Karl Huysmans, « L’Exposition des Indépendants en 1881 », L’Art Moderne, 1883.
Yvonne Tronquet naît en 1888 à Bordeaux dans une famille d’imprimeurs établie sur le quai de la Douane depuis le XVIIIème siècle de par sa mère, et d’un père avocat. Son enfance se déroule entre le port de Bordeaux l’hiver et le Bassin d’Arcachon l’été. Elle fréquente l’École des Beaux-Arts de Bordeaux où elle se révèle une artiste douée, récompensée par la Médaille d’Argent et Premier Prix de Dessin, et spécialisée dans les Arts Décoratifs. Elle devient ensuite l’élève de Paul Antin, chez qui elle rencontre Georges Préveraud de Sonneville, peintre bordelais déjà établi : leurs fiançailles sont annoncées dans les salons de son oncle, l’imprimeur Gabriel Delmas. A la suite de leur mariage en avril 1914, elle signera ses œuvres du nom d’Yvonne Préveraud ou Préveraud de Sonneville.
Ses aptitudes artistiques sont multiples : elle varie les supports comme les techniques. Rapidement et régulièrement exposée, à Paris comme à Bordeaux entre 1910 et 1959, Yvonne Tronquet travaille à la gouache, au pastel, à l’aquarelle, et plus tardivement à l’huile, vers 1955. Elle fait également des gravures, ce qui lui vaut d’être exposée à New York à l’Argent Gallery, pour l’exposition “Femmes Graveurs Américaines et Françaises”, en 1948. Elle se fait aussi décoratrice d’intérieur pour des hôtels particuliers à Paris, illustre de nombreux romans, peint des décors de théâtre pour La Traviata à l’Opéra de Paris en 1927, crée des bijoux, peint de la porcelaine, de la miniature sur nacre ou sur ivoire et réalise plusieurs affiches publicitaires… Issue de la bonne bourgeoisie bordelaise, elle n’en est pas moins attirée par la vie nocturne et les quartiers interlopes de Bordeaux. Elle peint les filles de joie de Meriadeck, de très nombreux nus féminins, et, comme son mari, les scènes de bals, de cirques ainsi que les docks. Fantaisiste, séduisante, nonchalante, élégante et mondaine… de 1910 à 1960, ces aimables adjectifs se retrouveront sous la plume de tous ceux qui évoqueront l’œuvre de celle qui forma avec Georges de Sonneville, durant plus de soixante ans, un couple d’artistes complémentaires.
Notre pastel représente une élégante jeune femme de dos à profil perdu, et appartient à la période de jeunesse de l’artiste. Revêtue d’une robe du soir en soie violacée, le contraste avec le chatoiement de sa chevelure rousse gracieusement relevée en un chignon flou qui dévoile sensuellement la transparence nacrée de la nuque lui confère un aspect mystérieux, quasi symboliste. La rosée de l’oreille et de la carnation du visage rapproche égalemment l’oeuvre de l’atmosphère tonale et stylistique des femmes pastellistes du dix-huitième, telles Rosalba Carriera et Élisabeth Vigée Le Brun.
Prix sur demande